Quand on parle de Romains, une série d’idées jaillissent directement à l’esprit : Jules César envahit la Gaule en 52 avant Jésus-Christ, il massacre tout sur son passage… avec Ambiorix à leur tête, les Belges « les plus braves », résistent. Vingt siècles plus tard, notre ami Astérix continue encore la lutte contre le colonialisme romain! Pourtant, la « Paix Romaine » (quatre siècles de sécurité) s’installe et va marquer toute notre histoire et notre culture.
Mais, au-delà de ces images fort imprécises, comment pouvons-nous nous représenter la vie quotidienne de ces Gallo-Romains à la fois si lointain et pourtant si proches dans certains aspects de leur mode de vie.
Des sculptures et des décors de poteries datant des premiers siècles de notre ère nous montrent en effet des enfants jouant au cerceau ou à la toupie, des commerçants dans leurs échoppes, des convives attablés autour d’un bon repas, un maître caressant son chien etc … Les fouilles mettent à jour de la vaisselle ordinaire ou des objets de luxe, des outils mais aussi par exemple cette extraordinaire représentation d’une moissonneuse [typiquement gauloise] le vallus et cet ingénieux chauffage central apporté par les Romains : l’hypocauste.
Spa était-il connu des Romains ?
Il est frappant de constater combien peu nombreux sont les témoins archéologiques de l’époque romaine découverts dans notre ville. En effet , à l’exception de la mise à jour d’une tombe romaine (rue Marie-Thérèse) et des recherches récentes de Mr Bourotte (rue du Waux-Hall) on n’a pas encore trouvé à Spa les traces d’une présence significative des Gallo-Romains.
Pourtant, à quelques kilomètres de chez nous, un important vicus romain a été mis à jour à Juslenville. Les nombreux objets trouvés ça et là, les fouilles de 3 cimetières romains, la découverte d’un fanum (temple) et de fours de potiers attestent la présence d’une population assez importante à partir des années 50 jusqu’au début du troisième siècle. (Voir à ce sujet l’article de Mr Marquet Réalités n°27).
Des routes reliaient ce vicus de Juslenville aux grandes voies de communication de l’époque donnant accès à Trèves, Tongres, Arlon, Bavay. Dès lors il est fort probable que des contacts existèrent entre les habitants de Juslenville et la région spadoise. Cette hypothèse est d’autant plus probable si l’on sait que les Romains étaient friands de thermes et de sources minérales !
Dans ce domaine, une petite phrase de Pline auteur romain (ler siècle après Jésus-C’hrist) allait faire couler beaucoup d’encre durant de nombreuses années. Pline écrit en effet que Tongres (ou le pays des Tongres) possède une fontaine célèbre à la saveur ferrugineuse. S’agit-il de Spa ou de Tongres ? Dans son article sur, les Pouhons de Spa (Réalités n°49), Mr Marquet reprenait les arguments des parties en présence. Pline parlait-il de Spa? A l’heure actuelle, la question reste ouverte.
Mais passons en revue les autres témoins de la présence romaine à Spa.
LA VECQUEE : VOIE ROMAINE ?
Tout la monde connaît la « Vêcquée » et beaucoup lui attribuent une origine romaine; qu’en est-il exactement? La Vêcquée qui traverse les fagnes spadoises a toutes les caractéristiques d’une voie romaine puisqu’elle chemine sur les crêtes. Selon certains auteurs, elle relierait deux voies romaines importantes : la voie Trèves-Tongres (par Prum, Malmédy, Tiège, Polleur, Fays , Soiron) et la chaussée de Cologne à Amiens (par Aix, Baelen, Dison, Pépinster, Louvegné, Sprimont, Vervoz).
Cependant, la tradition orale a souvent transformé des chemins anciens en chaussée romaine. On pense de plus en plus que la Vecquée est un chemin très ancien mais qui ne fut pas aménagé à l’époque romaine. C’est par le même mécanisme que l’on a attribué à Spa la nom de « chemin des Romains » à la route longeant la route de la Sauvenière car certains endroits sont recouverts de dalles fort anciennes. Il s’agit là d’une ancienne voie qui n’a rien semble-t-il d’une chaussée romaine.
BALMORAL , MALCHAMPS : UN CAMP ROMAIN.
A partir de l’étude des textes de César, A Grisart (1) formule l’hypothèse de la présence d’un camp romain à Balmoral [53-54 av. J.C]. C’est ici qu’il situe un haut lieu de la résistance d’Ambiorix contre les romains. Cette hypothèse n’a cependant jamais été confirmée par la présence, la découverte de témoins archéologiques sur le terrain. Certaines personnes nous ont fait état de la mise à jour d’objets et de « murs » lors de la construction de l’hôtel Dorint, mais aucune confirmation n’a pu être apportée à ces affirmations. Il faut bien dire que les éléments topographiques apportés par César permettent de localiser ce camp dans de nombreux endroits. Les textes de Jules César étant des documents de propagande politique les données sont souvent un peu exagérées (nombre d’adversaires, difficultés des lieux).
Certains auteurs ont également situé un camp romain dans la Fagne de Malchamps. L’hypothèse n’a pas été confirmée à l’heure actuelle . Ce qui est certain cependant c’est que les dépressions de forme circulaire que l’on trouve en Fagnes sont d’origine naturelle [les pingos].
UNE PIECE ROMAINE DECOUVERTE AU POUHON
En 1851, on trouva une pièce romaine de l’empereur Nerva [96-98] lors de travaux à la source du Pouhon. On ne sait ce qu’est devenue cette pièce et on ne peut dire à quelle époque elle fut déposée ou perdue à cet endroit. Une découverte isolée ne peut malheureusement sans une étude archéologique sur le terrain être considérée avec certitude comme un témoin de la présence des romains à Spa.
Comme on l’a vu, ces diverses hypothèses sur la présence des romains à Spa sont à prendre avec précautions. Nous allons maintenant découvrir des témoins archéologiques plus probants.
UNE TOMBE ROMAINE : RUE MARIE-THERESE.
Le 4 août 1914, une tombe romaine en pierre fut découverte par des ouvriers qui effectuaient des travaux dans la propriété de Mr Spailier [n°l5]. Plusieurs poteries furent retirées de terre, mais trois seulement ont pu être conservées. Il s’agit d’une urne en terre grise et deux assiettes en sigillée datées des années 200.
Les Romains à cette époque avaient l’habitude d’ensevelir leurs morts après crémation, dans une urne placée dans un caveau. on plaçait dans la tombe des objets qui pouvaient servir au mort dans sa vie nouvelle (bols, lampes à huile , parfums, cruches etc … ) et ceux qu’il avait aimés. La qualité de ces objets dépendait bien entendu de la richesse de la personne inhumée. Les tombes étaient le plus souvent situées en dehors des habitations mais pas nécessairement dans un endroit à l’écart (par exemple le long des routes).
J. Vannarus (cahier Ardennais n°9 Nov 1935) a récolté près de l’architecte Micha les circonstances de la découverte.
« Le 4 août 1914, jour même de l’arrivée de l’avant garde allemande à Spa, on était occupé à établir le raccordement à l’égoût de la maison nouvellement construite pour Mr Spailier , av Marie-Thèrèse n°l5. »
A environ 1,25 m de profondeur, sous le trottoir actuel, Mr Bourguet qui travaillait pour le compte de la ville, rencontra une tombe, formée d’un coffre en pierres recouvert d’une dalle. A l’intérieur, se trouvaient deux cruches et deux soucoupes. Des cruches l’une était entière, « munie d’un bouchon de bois », l’autre, plus petite, n’était plus intacte, le col ayant disparu avec l’anse; la grosse cruche, tout à fait semblable à la petite, a été brisée par les ouvriers, désireux de s’assurer du contenu; « il ne s’y trouvait rien ». (2)
RUE DU WAUX-HALL : DES TESSONS DE POTERIES ROMAINES
Les découvertes les plus récentes ont été faites par Mr Bourotte dans son jardin rue du Waux-Hall, 6. Une fouille menée de manière systématique et scientifique a notamment permis de mettre à jour une vingtaine de tessons de céramique en terre blanche et en sigillée datés de la fin du deuxième siècle, début du troisième. Parmi ces poteries, notons un fond de bol en sigillée qui rappelle la coupe du caveau de la rue Marie-Thérèse. Comme le dit Mr Bourotte dans son article publié dans la revue Histoire et Archéologie Spadoise (3).
« Sans pouvoir encore se prononcer si l’on se trouve en présence d’un vicus ou d’une villa, on peut constater que la zone des vestiges romains s’étend de la rue Marie-Thérèse au Pouhon Pierre Le Grand en passant par l’Impératrice (6 rue Waux-Hall) soit sur une distance d’environ 650 m. Il y a lieu d’observer que ces trois sites soulignant presque sur un axe qui correspond de peu au tracé de la rue du Waux-Hall. Celle-ci fait partie de l’ancien itinéraire vers le Pays de Stavelot qui passe par Berinzenne ». Vers le Nord elle se prolonge par la rue du marché en direction du thalweg. Mr Bourotte conclut en disant « les vestiges gallo-romains consolident l’hypothèse que le Spa antique se trouve au-dessus des terrains habituellement inondés lors des crues du Wayai. »
Espérons que d’autres découvertes permettront bientôt de consolider cette hypothèse !
(1) Grisart : Trois localisations nouvelles :L’Atuatuca Eburonne : Romana contact 1972.
(2) Vannerus : Les origines Gallo-Romaines de Spa, cahiers Ardennais n°9 Nov 1935.
(3) Bourotte F : Témoins archéologiques de l’antiquité de Spa : Histoire et Archéologie spadoise n° 32 et 33 [1982-1983].
de weg van Polleur naar Jusleville (Theux) en de wegen te Staneux passen perfect in het raster van de Romeinse forma (raster van landindeling uit de Augusteïsche tijd)
On parle sur d’autres sites que la Vecquee serait au départ une voie gauloise qui s’est transformée en voie romaine.
Dans la région liégeoise, on parle d’anciennes voies romaines puis également Voie de Liège.
D’autres termes comme la Grande Pierresseuse ou Pierresseuse Voie.
Cette information de ma région à été écrit vers les années 1910 par l’historien fondateur du Vieux Liège, Charles Comhaire.
Il est donc préférable si l’on rédige des articles de parler de voies anciennes ou de jadis.