Le 16 décembre 1944 peu avant l’aube, les soldats de la Wehrmacht ont lancé leur dernière offensive sur les Ardennes. Cette bataille qui surprit les alliés, coûta la vie à plus de 100000 soldats Allemands et 16000 Américains. Avant cela, de nombreux Américains avaient pris leurs quartiers à Spa où ils avaient sympathisé avec la population locale. Dans le dernier numéro de Réalités Madame Servais nous l’a rappelé avec émotion. En octobre 2008, Charles Herman a eu, lui, une autre surprise, le jour où débarqua chez lui un homme de 86 ans qui ne parlait pas un mot de français et qui dès sa sortie de la voiture le prit dans les bras en l’appelant « Charly ». Il s’agissait en fait de Charles Burgess, un soldat US qui, peu avant l’offensive des Ardennes, logeait avec d’autres GI au château d’Alsa, route de Barisart.
A l’époque, le père de Charles Herman tenait une charcuterie un peu plus bas dans la rue. A la vue de ces jeunes garçons un peu perdus, les parents Herman les avaient tout naturellement invités à plusieurs reprises à prendre un bon repas en famille. Madame Herman lessivait aussi leur le linge.
Même si Charles (le Spadois) et Charles (l’Américain) avaient difficile de communiquer, cette rencontre, plus de 40 ans après la guerre fut pleine d’émotion. Charles Burgess a gardé un souvenir tellement fort de cette épisode de la guerre où des gens simples ont tout fait pour lui donner un peu de réconfort et de chaleur humaine, qu’il décida à l’âge de 86 ans de venir à Spa revoir ses amis les « Herman ». (Il profita en fait d’être en visite chez son fils, pilote à la USAF et stationné en Angleterre pour venir jusqu’à Spa). Charles Herman ne manqua pas de faire visiter à son hôte, le musée « Décembre 44 » à La Gleize. A la vue des paquets de cigarettes, des armes, et de tous ses petits objets qui faisaient partie de son quotidien, Charles Burgess ne put contenir ses larmes. Il perdit tant de camarades pendant la bataille des Ardennes. Notamment les deux autres GI sur la photo, il en a perdu toute trace, probablement font-ils partie des quelques milliers de soldats américains manquant à l’appel après l’offensive. Merci à Charles Herman pour ce beau témoignage.
Jean Marc Monville