L’article publié en page 9 de « La Dernière Heure » des samedi 8 et dimanche 9 mars 2008 concernant « Le Guide des Gentilés » des différentes communes de Belgique publié par le Service Langue de la Communauté française reprend quelques noms insolites, signalés dans ce guide, dont, pour Spa, le nom Bobelin, ce qui est une erreur, dont sont familiers les commentateurs sportifs : « Les Bobelins ont gagné, ou perdu, le match qui les opposait à Hout si ploût » mais qui est moins admissible de la part du « Service Langue de la Communauté française ».
Le gentilé de Spa est tout simplement « Spadois », le mot « bobelin » étant depuis le XVIIe siècle le nom donné par les Spadois eux-mêmes aux visiteurs étrangers. Au départ « boubi » terme de dérision wallon signifiant sot, fou, se francisa rapidement en bobelin perdant toute signification péjorative pour devenir, au contraire, un titre de déférence donné aux curistes des eaux de Spa. Il n’a donc jamais concerné les Spadois mais bien au contraire les étrangers à Spa en séjour dans la ville.
Jean Toussaint
Président des Musées de la Ville d’eaux
« Nous avons pris connaissance avec intérêt du courrier que vous avez adressé au rédacteur en chef du journal La Dernière Heure à propos de la dénomination « Bobelins » attribuée aux Spadois dans le récent Guide des gentilés publié par notre service.
Vous rappelez avec raison que cette dénomination « Bobelins » était attribuée aux curistes étrangers qui séjournaient à Spa (déjà au 17e s.) et que ce terme repose sur un mot wallon, explication développée notamment dans un article de Maurice Piron de 1962.
En fait, initialement, nous n’avions donné que le gentilé simple « Spadois(e) » pour les habitants de Spa. Suite à une pré-édition du répertoire dans les journaux du groupe Vers l’Avenir et donc du journal Le Jour de Verviers (en date du 26 octobre) visant à valider les propositions, un lecteur nous a fait observer que « les habitants de Spa sont aussi appelés les Bobelins (du surnom donné autrefois aux curistes) ». Sur la base de ce témoignage, nous avons dès lors ajouté tardivement la dénomination alternative « Bobelins » (sorte de blason populaire) à la suite de « Spadois(e) » ; nous reconnaissons que nous aurions dû assortir cet ajout d’une note explicative rappelant le sens initial et particulier du terme.
Avec raison, vous faites observer que ce glissement sémantique de « Bobelins » (curistes > Spadois) est dû aux journalistes. Toutefois, nous notons que l’on parle très souvent de la « Cité des Bobelins », que la revue locale des années ’50 s’est appelée « Les Bobelins ». Nous voyons aussi un tract électoral récent de la liste communale cdH-OC qui entretient l’ambiguïté en se prétendant « la liste des Bobelins » après avoir déclaré « écouter les Spadois et accueillir les Bobelins » ; ceux-ci seraient devenus les étrangers s’installant à Spa, par rapport aux autochtones. Progressivement, nous semble-t-il, « Bobelins » s’appliquent aux Spadois de bonne souche, même s’il s’agit d’un emploi abusif.
Tenant compte de votre remarque, nous veillerons évidemment à clarifier le statut de chaque terme dans le répertoire des gentilés que nous comptons prochainement installer sur le site du Service de la langue française, pour tenir compte des ajoutes et des corrections demandés par les citoyens et les administrations de notre communauté. »
Jean GERMAIN, Professeur à l’UCL
Nathalie MARCHAL, Attachée responsable du Service de la langue française