En 1848, avant que la première locomotive n’entre en gare de Spa, des Spadois sont partis travailler dans la région de Metz. C’est pour construire la ligne de chemin de fer entre Metz et Strasbourg que les entrepreneurs français ont fait appel à la main d’œuvre étrangère, sans doute plus intéressante à monnayer.
Mais en 1848, les Français s’affrontent entre eux pour gagner une révolution qui s’est déroulée du 22 au 25 février 1848. La révolution aboutit à la proclamation de la Deuxième République. J’ignore ce qui s’est passé à Metz mais dans leurs revendications politiques, les Français veulent expulser les Belges par la force.
Dans les archives du Fonds Body, il se trouve une liste de 9 Spadois qui se plaignent devant le bourgmestre Thomas François HAYEMAL, après leurs retours précipités. Ils travaillaient et étaient hébergés dans le hameau de Jury à 7 km de Metz. Ils sont manœuvriers, menuisiers ou charretiers et tous travaillent pour un entrepreneur le long des voies ou dans une forge. Ils reviennent tous les neuf à Spa, dépités entre le 7 mars et le 4 avril.
Dans cette liste, tous des Bobelins « pure source » : LEGRAND Henri Jean, MASSAY Jean Noël, MARCOTTE Gilles André, MARCOTTE Pierre, MINET Pierre, HOUYON Lambert…tous manœuvriers, DECERF Mathieu Joseph et GOULEVANT Jean Louis étaient menuisiers tandis que Nicolas Joseph DEMONTY était charretier chez CARLIER et BORGUET entrepreneurs du chemin de fer.
Ce sont les notes écrites par le secrétaire communal en marge du document qui sont intéressantes à lire (texte original).
Raisons qui ont donné lieu, d’après leurs déclarations.
« Menaces proférées contre les ouvriers belges par les ouvriers français et les habitants émeutés des villages environnant les travaux » – « Chassés de France avec cris et menaces de les tuer par les ouvriers français et habitants des villages de Jury et Pintes près de Metz ». – « idem avec les mêmes menaces suivies d’une tentative d’incendie faite au moyen de torches allumées sur la baraque où ils logeaient, incendie qui n’a été empêché que par l’arrivée d’un détachement de 40 hommes de la garnison de Metz qui ont dû garder à vue cette baraque » – « chassé des travaux avec 4 autres ouvriers de la Commune de Sart par une bande de 500 hommes dits Auvergnats armés de haches et fourches, venus expressément de Paris pour chasser les ouvriers belges ».
Signé Spa le 9 avril 1848.
Jean Luc Seret
Sources : Registre Annonces 1848 page 137 Fonds Body.