Madame Sluse nous a donné des renseignements sur la villa des Gardes qu’elle a bien connue puisqu’elle y a vécu dans sa petite enfance.
Cette villa se situe au bout du chemin de la Roche, à hauteur de la chapelle du même nom (ou chapelle Spailier). La villa était le pavillon de chasse du château de la Havette. Le comte y recevait ses « amies ». C’était pour moi, la maison du bonheur. Mon père était tailleur de pierre, sculpteur et architecte et ma mère a donné naissance à 12 enfants. Il n’y avait ni eau, ni électricité dans la maison. On y était heureux, on vivait près du bois dans la nature, à l’écart du bruit. Nous allions chercher de l’eau potable à la villa « Les pommiers » un peu plus bas dans le chemin. Je me souviens encore du grand potager, des fleurs, d’une statue d’un ange blanc près du puits et des châtaigniers proches de la maison. Mes parents ont habité la maison à partir de 1938.
La villa était située près de la chapelle. Durant la guerre, ma maman contrôlait notre présence près du petit édifice car à plusieurs reprises des soldats anglais sont venus s’y cacher. On pouvait, semble-t-il, avancer et reculer l’autel. Il y avait aussi des soldats allemands qui venaient y prier, notamment un officier qui avait perdu son frère à la guerre.
Après la guerre, ma maman devenue veuve a été obligée de quitter la maison avec regret. Quand les nouveaux propriétaires nous ont mis à la porte, on nous a aidés pour transporter nos meubles dans une maison du Thier Bacon. Les habitants de ce hameau nous ont beaucoup soutenus et nous y avons trouvé une vraie amitié. Quand Spa Monopole a acheté les terrains près du Thier Bacon, la firme a construit un immense mur derrière les maisons. Par la suite, les immeubles ont été vendus et les familles ont été relogées dans les maisons de l’ancien home des Bruyères. (Réalités de janv. 2001).
Madame Sluse a travaillé très tôt comme servante à la Villa des Fleurs chez Neid, qui était concessionnaire du casino de Spa. Les « patrons » lui firent de plus en plus confiance et elle devint la gouvernante des enfants. Il fallait s’occuper de leur éducation, des bonnes manières (à table notamment). Je me souviens que c’est « madame » qui m’apprenait par exemple à éplucher un pamplemousse. Quand les patrons étaient partis, je devais surveiller les appartements des enfants, régler toutes les dépenses, les courses etc. On me faisait totalement confiance. Je suis allée travailler également dans leur château en France.
Notons que la maison a été profondément transformée. Le cœur de la villa a été entouré d’autres éléments architecturaux. Il est assez difficile de reconnaître l’ancienne villa.
Pol Jehin
La villa des gardes évoque pour moi bien des souvenirs d’enfance de ma maman Eliane Depaus. La ferme Mathonet dont parle Madame Mine est connue aujourd’hui sous le nom de ferme Maraitte. Il y a 100 ans, mon arrière-grand-père, Valentin Mathonet et son épouse Joséphine Corbay, exploitaient cette ferme avec leurs quatre filles Maria, Cornélie, Marcelline et Valentine.
Les 4 filles Mathonet ont souvent posé en costume d’Ardennaise pour des cartes postales avant la guerre 40-45. Cette ferme et ses proches alentours servaient de décor. Marcelline Mathonet et son époux Gaston Depaus, mes grands-parents maternels, ont habité la ferme jusqu’en 1938, date du décès de Joséphine Corbay. Les deux filles Depaus, Eliane et Lucienne, y sont nées et ont joué toute leur enfance à la Villa des Gardes avec les enfants des occupants de l’époque (début des années 1930) dont j’ai oublié le nom (Bosquet ? ou Dosquet ?).
Le comte du Chastel aurait fait construire deux villas identiques à la fin du XIXe siècle. La Villa des Gardes était située à côté de la chapelle Spailier au milieu d’un grand verger. On y accédait par le chemin de la Roche. Un point d’eau, situé au carrefour de ce chemin et de la route de la Géronstère alimentait notamment la ferme et la Villa des Gardes.
N.B la carte postale montre peut-être deux des filles Mathonet. On y voit une laitière avec son chien qui tire la charrette et quelques vaches. A la fontaine, une femme lave le linge sur une planche à laver.
La deuxième villa, la villa des Aulnes, était située près du gué des Artistes, en face de l’entrée du domaine de la Havette, propriété du comte du Chastel. Personnellement, je n’ai que des souvenirs fort vagues de cette deuxième villa. On l’apercevait, fin des années 50-début 60 à quand nous allions au zoo.
Georges Vastesaeger