La stèle Marcel Rixhon et Armand Xhrouet

Stèle à la mémoire de Marcel Rixhon et Armand Xhrouet

Stèle à la mémoire de Marcel Rixhon et Armand Xhrouet

Ce monument en pierre surmonté d’une petite croix se situe sur le bord du Domaine des Lébioles, côté Winamplanche, le long d’un chemin qui surplombe le ruisseau l’Eau Rouge.

Comment s’y rendre : En sortant de Winamplanche en direction de Desnié, quitter par la gauche la route juste après le franchissement du ruisseau du Pouhon et emprunter la petite voirie dénommée « Clos des Marteleurs » (la 1ère maison à droite, c’est l’ancienne laiterie du village). Franchir ensuite le ruisseau l’Eau Rouge via la passerelle, puis longer l’ancien dépôt des entreprises Lejeune et Fils et suivre le chemin pentu qui vous mène très rapidement à une des entrées forestières du Domaine des Lébioles. Directement après cette entrée, emprunter le chemin de droite qui surplombe la vallée dans laquelle serpente l’Eau Rouge. La stèle se trouve à environ 200 mètres dans la propriété.

Ce monument est lié à la tragédie de Winamplanche (voir Réalités n° 363) qui se déroula le 10 septembre 1944, jour de la libération de Spa par les troupes américaines.

Sur le monument on y lit :

A
RIXHON MARCEL
ET
XHROUET ARMAND
VICTIMES DES NAZIS
LE 10-9-1944

Voici le récit du drame :

Depuis plusieurs jours, le sous-officier de gendarmerie Marcel Rixhon, dépendant de la brigade de Spa se cache à Fond-Crasse, lieu isolé situé le long du ruisseau l’Eau Rouge, afin d’échapper à un ordre de réquisition des Allemands. José Job, facteur à Spa, réfractaire depuis 1943, effectuant des missions pour l’Armée Secrète, se trouve également là-bas.

Le 10 septembre, au milieu de la matinée, les Américains libèrent la ville thermale. La gendarmerie de Spa décide de téléphoner à l’épicerie Detiste-Lessain à Winamplanche pour que l’ordre de rejoindre soit donné à Marcel Rixhon. Se trouvant dans les parages, Armand Xhrouet se propose d’aller à la planque du val de Tolifaz et faire part au gendarme de l’appel téléphonique.
Obéissant à l’ordre, le gendarme décide de regagner sa brigade en compagnie de José Job et d’Armand Xhrouet. Soudain, lorsque les premières maisons de Winamplanche sont en vue, ils sont fauchés par un tir d’une mitrailleuse allemande installée le long de la route de Desnié, sur le toit en béton du captage d’eau du village.

Armand Xhrouet, mortellement atteint, décède presque immédiatement. Marcel Rixhon, gravement blessé à l’abdomen, tente d’enrayer l’hémorragie mais meurt rapidement. José Job a plus de chance, bien qu’atteint aux jambes, il n’a aucun organe vital atteint. Il se laisse rouler jusqu’au ruisseau, pour être hors de la vue du mitrailleur, puis se traîne jusqu’à la laiterie où un poste de secours avait été installé avant la guerre. Hélas, les Allemands occupent les lieux. Il devra continuer, en se cachant, vers le village, où des personnes le soigneront. Il est ensuite évacué sur Spa, à pied sur une civière. Dans la cité thermale, il sera soigné à l’hospice Saint-Charles par le docteur Henrard. José Job est décédé en novembre 2010.

Quelques années après la fusillade, Léon Ledoyen avait dressé une croix de bois à l’endroit où furent tués Armand Xhrouet et Marcel Rixhon. Avec les années, celle-ci se détériorait si bien que le comité de l’Amicale des Anciens Combattants et Résistants de Winamplanche-Marteau éleva une stèle sur les lieux de la tragédie avec l’accord de Madame Dresse de Lébioles. Le monument fut inauguré dans l’après-midi du dimanche 11 novembre 1956.

Voici le récit de l’inauguration publié dans la Vie Spadoise
 :

« Ce dimanche, par une pluie diluvienne a été inauguré le monument érigé dans le domaine des Lesbioles, à l’endroit exact où tombèrent victimes des S.S., le 10 septembre 1944, le maréchal des logis Marcel Rixhon et Armand Xhrouet. Le monument représente une croix en pierre sur laquelle sont inscrits les noms des deux victimes. C’est l’Amicale des Anciens Combattants de Winamplanche qui a voulu perpétuer la mémoire de ces braves entrant dans l’histoire au même titre que les héros tombés au champ d’honneur. Un public très nombreux assistait à cette cérémonie. M. Massart félicita les promoteurs de ce beau monument et rappela les journées de la Libération qui marquèrent si cruellement Winamplanche. M. Thorez, bourgmestre de La Reid, souligna également la spontanéité du dévouement des combattants de la localité qui ont remplacé la croix branlante par des matériaux durs. Le Révérend Curé de Winamplanche, M. l’abbé Cabay, bénit le monument et souhaita voir s’instaurer une paix durable. L’offrande fleurie succéda à la Brabançonne, écoutée par une assistance recueillie. Puis ce fut le défilé devant la croix qui rappellera aux générations futures le sacrifice de deux braves. La gendarmerie était représentée par le commandant du district de Spa, le capitaine Douret et un détachement de la brigade de Spa, les autorités communales de La Reid, par le bourgmestre M. Thorez et les échevins …… et Gillard, et les autorités communales de Spa par l’échevin M. Grégoire et MM. les conseillers Havard, Devillers, Goulevant et Depouhon. Notons également la présence de MM. J. Sablon et L. Son, présidents des CE et FNCF de Spa, des drapeaux de sections, des délégations d’Anciens Combattants de Spa et La Reid ».

Jean Lecampinaire

Sources :
Croix, Chapelles, Oratoire de la région de Spa (Comité culturel de Spa – 1992)
La libération de Spa et de sa région (François Bourotte – 1994)
L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau … (Camille Massart – 1988)
La Vie Spadoise de novembre 1956 (Fonds Body)


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