Les frères Jean-Philippe et Jean-Baptiste de Limbourg, maîtres de forges et fourneaux dans le hameau, y font construire une « hutte » qu’ils mettent à la disposition de Joseph Durieux, fermier (receveur) de la barrière dès 1773. En 1778, ayant appris que l’architecte liégeois Barthélemy Digneffe avait dessiné, à la demande des Etats du Pays de Liège, les plans d’un projet de construction d’une maison pour la perception des droits de barrière non loin de leur « hutte », les frères de Limbourg envoient une requête aux seigneurs et députés de l’autorité précitée leur demandant de bien vouloir conserver la « hutte » qu’ils ont mis à la disposition du fermier. En 1782, un bâtiment de style Louis XVI, appelé « Maison de Tolle », est construit par l’architecte liégeois Jacques Barthélémy Renoz à proximité du hameau de Marteau, à l’extrémité de l’avenue du même nom dénommée à cette époque la « Belle levée ». Cette construction, occupée dès la fin avril 1783, abrite en outre un bureau pour le fermier-receveur afin de percevoir les droits de barrière. Elle comprend aussi des entrepôts et des écuries. Le premier occupant est le fermier-receveur Pierre Waroux, il est aidé dans sa mission par Jean Mathieu Huberty. En 1787, Louis Lecomte reprendra le poste à Marteau jusque que fin 1790, puis Hubert Beaut le remplacera jusque fin 1793.
En novembre 1796, durant l’occupation française (1789-1814), la taxe de barrière est abolie. Les Villes et les Communes sont dépossédées sans indemnité de la propriété des routes et chemins qu’elles avaient construits. Toutefois, en 1798 pour raison financière, l’autorité va réinstaurer le droit de barrière sur les routes pavées et lancer de nouvelles adjudications. Ce fut Erasme Dresse qui remporta celle de la barrière de Marteau. En 1802, le fermier-receveur s’appelle Gérard Deleau (fils).Sous l’Empire, en octobre 1809, la propriété de la « Maison de Tolle », traversée par le Wayai, est achetée par William Cockerill, venu travailler dans la région verviétoise. Il la dénomme « Château du Marteau ». Cette acquisition sera réalisée aux noms de ses fils William, John et James. L’industriel s’y installe en 1813. Il logeait ses maîtres-ouvriers dans une des dépendances du château (la maison Cockerill : style néoclassique – partiellement classée depuis1980 – de nos jours, elle fait partie de l’Ecole d’Hôtellerie de Spa) pour les familiariser au maniement de machines hydrauliques de son invention, qui étaient actionnées par l’eau d’un bief alimenté par le Wayai.
Pendant la période hollandaise (1815-1830), le fermier de la barrière du Marteau s’appelle Nicolas Delrée. Il utilise l’ancien bureau du receveur situé dans la maison du sieur Cockerill.En 1840, le « Château du Marteau » est cédé à la famille Massange, des tanneurs stavelotains.
En 1867, le Ministre Frère-Orban supprime les barrières de péage sur les routes de l’Etat.
Par la suite, l’ancienne « Maison de Tolle » changera plusieurs fois de propriétaire et s’agrandira par des adjonctions de style bourgeois (tourelle, rotonde, terrasse avec marquise, …) réalisées dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle, afin d’en faire une agréable demeure thermale.
En 1877, Alphonse Braemt, administrateur de la Caisse des Propriétaires, achète la demeure et la rebaptise « Château des Sapins ».
En 1890, la propriété est acquise par Albert Heerfeldt, rentier parisien, puis en 1906 le domaine passe dans les mains de Céline Dumont (une des principales actionnaires des Usines Gustave Dumont et Frères à Andenne), épouse d’Armand Pirlot. En 1934, suite au décès de la propriétaire, le domaine est repris par sa nièce Madeleine Lamarche, épouse en seconde noce du comte Paul de Launoit.
Le château sera démoli en 1941. Sur son emplacement, deux maisons furent construites après la Seconde Guerre ; elles ont été démolies il y a quelques années et ont fait place au magasin Hubo.
Jean Lecampinaire
Sources :
Rue et promenades de Spa (Georges Emile Jacob – Editions culture et civilisation – 1983),
Architecture thermale-Les résidences et villas de Spa (Louis Pironet – H.A.S. – 1981),
Les barrières de péage au Franchimont (Louis Beckers – Terre de Franchimont – 2019 et 2020).