Les plaques apposées à chaque extrémité de la rue ne portent pas la même appellation. Avons-nous dès lors le choix !
Cette rue ne figure pas sur le plan du cartographe Popp (voir ci-dessous), tracé vers 1860. C’est le 8 octobre 1879 que le Conseil communal spadois donne le nom de Rue de Renesse à la nouvelle rue ouverte entre celles de la Sauvenière et du Waux-Hall. La création de cette nouvelle voirie a été validée par un arrêté royal du 9 juillet 1878. Pour les Autorités communales spadoises, le choix de cette nouvelle appellation se justifiait amplement car le comte Amédée de Renesse (1833-1882), sénateur, avait rendu de nombreux services à notre ville ; il avait notamment secondé le bourgmestre Joseph Servais (1803-1872) dans la revendication d’un tantième sur le revenu des jeux. C’était de plus un généreux donateur, très impliqué dans la vie estivale de la cité thermale. Le comte Amédée de Renesse passait la belle saison avec sa famille dans notre cité. Le journal « La Saison de Spa », du 22 août 1875, nous apprend que le comte et la comtesse de Renesse séjournent à la « Villa des Charmilles » ; une maison bourgeoise portant cette enseigne était située rue du Waux-Hall, elle a été démolie avec « Concordia », début des années quatre-vingt, pour construire en 1985 l’école primaire actuelle.
Sur l’extrait du plan Popp, on remarque à l’entrée de la rue Silvela (dénommée sur le plan : chemin de Spa au Sart), l’indication « Réservoir ». En réalité, c’est une vaste réserve d’eau déjà existante avant 1800, située au lieu-dit « Pré Douguet », alimentée par « La Picherotte », et qui était utilisée en cas d’incendie. Elle permettait également de réguler le cours du bief alimentant le moulin à farine. Cette réserve d’eau servit aussi de piscine de natation (sur le plan du géomètre E. Cerveaux, réalisé en 1866, elle y est mentionnée « Ecole de natation »).
Vers 1889, la famille Leyh, propriétaire du Grand Hôtel Britannique, désireuse d’étendre son entreprise, envisage la construction d’écuries et de bâtiments de service. Pour ce faire, elle négocie avec la Ville de Spa un échange de terrains. La Ville est en effet propriétaire du terrain contigu à leur propriété sur lequel se trouve le « Réservoir » devenu bassin de natation et la famille Leyh possède des terrains le long de l’actuelle avenue Amédée Hesse. La Ville accepta l’échange ; elle cèda le terrain de la rue Sauvenière moyennant la construction d’un nouveau bassin de natation aux frais des hôteliers. L’acte fut signé en mai 1890. Ainsi fut construite la piscine qui devint plus tard la « Piscine fleurie« , elle était située à l’emplacement de l’actuelle.
Autrefois se trouvait non loin du carrefour formé par les rues Sauvenière – Silvela – de Renesse (très exactement, un peu plus bas rue Sauvenière, à l’amorce de la ruelle Poncin) la « Porte de la Sauvenière » aussi appelée Porte de Malmedy.
Il faut savoir qu’à partir de la moitié du 17e siècle, le bourg de Spa s’était entouré de murailles afin de se protéger des troupes qui ravageaient souvent la région. Au sujet de ces remparts, en réalité six portes reliées entre-elles par des murs de fortifications, on trouve peu de renseignements, si bien que le tracé exact de cette enceinte, qui fut plusieurs fois agrandie au fil du temps, n’a jamais été localisé avec précision. La plupart de ces fortifications furent démantelées durant la seconde moitié du 18e siècle. Le plan des frères Caro, établi en 1770, mentionne encore les portes de Liège et de la Sauvenière.
Avant la construction des portes et murailles du bourg de Spa entre 1653 et 1657, c’était l’église édifiée sur un promontoire rocheux et entourée du cimetière ceint de murailles, qui servait de lieu de replis aux habitants en cas d’invasion. Cette enceinte est visible sur une gravure de 1603 attribuée à Jean Valdor.
Jean Lecampinaire
Sources :
Connaitre Spa : Visite du centre historique de Spa (Comité culturel de Spa – Dr A. Henrard – 1989)
A la découverte des anciens lavoirs de Spa (Musée de la lessive – 2000)
Portes et murs de fortifications de Spa (H.A.S. – Monique.Caro-Harion – 2000)
Une histoire de « Charmilles » (H.A.S. – Monique Caro-Harion – 2010)
A propos du comte Amédée de Renesse et de la rue de Renesse (Réalités – Marc Joseph -2014)
Le Grand Hôtel Britannique (H.A.S. – Gaston Bedoret – 2002)
Rues et promenades de Spa (Georges-Emile Jacob – 1983)
Madame Chantal Fourneau (Fonds Body)