Carte postale : 1900 : La tribune rustique de l’hippodrome de Sart
Carte postale : 1900 : La tribune rustique de l’hippodrome de Sart

L’histoire du sport hippique à Spa commence en août 1773 par des courses opposant les chevaux du duc de Lauzun et du comte de Branicki. Ces courses, les premières sur le continent, se déroulèrent à Balmoral sur un terrain en lieu dit « La Plate », situé le long du chemin menant à Polleur. Ce terrain devint l’Hippodrome de Sart, un des plus grands et des plus beaux hippodromes d’Europe fin du 19e  siècle ; néanmoins, il ne posséda jamais d’infrastructures en matériaux durs. L’hippodrome de Sart fut abandonné au début de la première guerre. A cet endroit se trouve le « Royal Golf Club des Fagnes », aménagé fin des années 1920 et inauguré en juillet 1930.

Cartes postales : 1920 : Les tribunes de l’hippodrome de la Sauvenière
Carte postale : 1920, Les tribunes de l’hippodrome de la Sauvenière

L’Hippodrome de la Sauvenière, quant à lui, fut utilisé des le 31 juillet 1822. Il fut aménagé, non loin de la source du même nom, suite à la demande de S.A.R. Guillaume d’Orange. Le prince trouvait que le chemin menant au champ de courses sartois était très difficile et même dangereux.  Principalement destiné aux courses plates (contrairement à celui de Sart, utilisé pour les courses d’obstacles à cause de son terrain accidenté), le champ de courses de la Sauvenière connut son heure de gloire à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Son infrastructure se développa au fil du temps ; des tribunes en dur furent construites en 1877 et inaugurées la même année par Léoplod II.  

Cartes postales : 1920 : le paddock de l’hippodrome de la Sauvenière
Carte postale : 1920, le paddock de l’hippodrome de la Sauvenière

Projet d’un champ de tous les sports à la Sauvenière

En 1913, afin de développer l’activité de la station balnéaire de Spa, il fut décidé de créer un champ de tous les sports à l’emplacement de l’hippodrome de la Sauvenière où la Ville possédait une étendue de 72 hectares. Le programme des aménagements était ambitieux : amélioration de l’hippodrome existant et de ses infrastructures, aménagement de neuf courts de tennis, aménagement d’un stand de football et des sports athlétiques, nivellement d’un terrain pouvant servir comme plaine d’aviation, déplacement des installations du tir aux pigeons, projet d’un vélodrome démontable, …  et cela en conservant à l’ensemble le cachet de verdure qui constitue toute la beauté du site.

Durant la 1ère Guerre, afin d’occuper les ouvriers sans travail et pour leur éviter la déportation, la Ville de Spa fit réaliser une partie des aménagements précités.

1920 : l’hippodrome de la Sauvenière Cette carte postale montre l’étendue du champ de course. La piste avait une longueur de 1900 mètres.
1920 : l’hippodrome de la Sauvenière.
Cette carte postale montre l’étendue du champ de course.
La piste avait une longueur de 1900 mètres.

Fin 1915, à la demande des mêmes autorités communales, un projet d’une ligne de tramways électriques reliant la cité bobeline et le Champ des sports de la Sauvenière fut étudié par la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux.

La piste de l’hippodrome de la Sauvenière avait une longueur de 1.900 mètres sur 15 de large. Elle était formée de deux lignes droites parallèles de 430 mètres réunies à leurs extrémités par deux demi-cercles de 168 mètres de rayon.

1920 : l’hippodrome de la Sauvenière Cette carte postale montre l’étendue du champ de course. La piste avait une longueur de 1900 mètres.
1920 : l’hippodrome de la Sauvenière.
Cette carte postale montre l’étendue du champ de course.
La piste avait une longueur de 1900 mètres.

L’hippodrome de la Sauvenière, relégué au second plan par le développement d’autres sports, disparut à la veille de la seconde Guerre mondiale, plus précisément en juillet 1937. Par la suite, les installations de l’hippodrome tombèrent en ruine et furent démolies en 1951. De nos jours, le site de l’hippodrome fait partie de l’Aérodrome de Spa-la-Sauvenière.

Courses et exhibition sensationnelle de chameaux de courses

Affiche (Extrait de H.A.S. : Juin 2004 : Spa s’affiche)
Affiche (Extrait de H.A.S. : Juin 2004 : Spa s’affiche)

En 1913 fut organisée à Spa une bien curieuse manifestation que la météo capricieuse chamboula fortement car si elle était prévue initialement fin juin, l’arrivée à Spa de ces fameux « chameaux  de courses » n’eut lieu que le jeudi 17 juillet. C’est à l’initiative du bourgmestre spadois, le baron Joseph de Crawhez, qu’avaient été prévues, pour les villégiateurs, une exhibition et des courses de chameaux, en réalité des méharis ou méhara (dromadaires domestiques dressés pour la course). Néanmoins, les très nombreux curieux durent patienter jusqu’au dimanche 20 juillet pour assister aux courses prévues à l’hippodrome de la Sauvenière, parmi lesquelles une confrontation Méharis et chevaux pur-sang. Malheureusement, le terrain détrempé, inadapté aux pattes des chameaux habitués à fouler le sable, ne permit pas à ceux-ci de montrer leurs capacités. Les méhara quittèrent Spa le mardi 22 juillet.

L’hippodrome de la Sauvenière devenu potager 

En 1943, la grande boucle nord de l’ancien hippodrome (celle côté Nivezé) ainsi que la zone sud proche du tir aux pigeons furent, à la demande des Allemands, labourées et mises en culture par la société limbourgeoise « ALMO » (Algemene maatschappij voor ontginningen). Cette société y sema de l’avoine qu’elle moissonna fin de l’été. Au printemps 1944, l’entièreté de la plaine fut retournée non sans de grosses difficultés vu les nombreux drains pratiqués pour assécher l’hippodrome. Une équipe d’ouvriers venait de Campine tandis qu’une autre était composée de requis par la « Werbestelle ». Cette année-là, des milliers de choux et plusieurs hectares de pommes de terre furent plantés. Le reste du terrain fut, comme l’année précédente, semé d’avoine. Après le débarquement, les ouvriers désertèrent les uns après les autres, si bien qu’à la libération, l’Administration communale prit possession du « potager ». La population put acheter choux et pommes de terre ; la récolte d’avoine fut vendue aux enchères.

Un 3e champ de courses, dénommé l’Hippodrome de la Bovière, accueillit des courses de chevaux à Spa ; mais, il ne fonctionna qu’une saison. Il fut crée à l’initiative de la Société Coopérative « Spa-Hippique » ; le comité de cette société était composée de : Henri Leyh (Président), Pierre Blaise-Leroy (Vice Président), Jules Dethier (Administrateur Délégué), C. Massoz, C. Defraiteur, A. Holbroeck, G. Linchamps, H. Heynen et L. Collin. Il fut inauguré le 17 avril 1933, c’était le lundi de Pâques. Trente-deux journées de courses s’y déroulèrent du 17 avril au 27 août. Une palissade de 1100 mètres clôturait  l’hippodrome. Sur les hauteurs du champ de courses (à droite sur le plan ci-dessous) se situaient : les tribunes pouvant abriter 600 personnes ; un bâtiment comprenant : les bureaux, les vestiaires, l’infirmerie ; 25 box pour chevaux ; le paddock ; le pesage et un parking pouvant contenir 200 voitures.

1933 : Plan du champ de courses de la Bovière dénommé l’Hippodrome de la Bovière.
Il était situé entre la Vieille Route de Stavelot, le Chemin de la Herde et le Chemin des Haies
1933 : Plan du champ de courses de la Bovière dénommé l’Hippodrome de la Bovière.
Il était situé entre la Vieille Route de Stavelot, le Chemin de la Herde et le Chemin des Haies

Le vélodrome de Spa, situé au Champ des Sports de la Géronstère (à l’emplacement du terrain de football actuel) fut inauguré fin juillet 1894. Il servit également d’hippodrome comme cela est mentionné sur la carte postale ci-dessous, mais principalement pour des concours hippiques.

Carte postale : 1900 : le vélodrome et hippodrome du Champ des Sports
Carte postale : 1900 : le vélodrome et hippodrome du Champ des Sports

Au fil du temps, ces rencontres équestres internationales, dont la première eut lieu à la Sauvenière en 1883, remplaceront les courses. En juillet 1935, un jeune officier français, le lieutenant de Castries, venu participer au concours hippique, devint champion du monde en franchissant un obstacle de 7,60m de longueur, sur son cheval dénommé « Tenace ». La dernière manifestation d’importance organisée dans la cité spadoise se déroula en 1957 à l’initiative de Monsieur Guy du Bois (voir Réalités n°350 de février 2014).

Jean Lecampinaire

Sources :

Spa pendant la Guerre 1914-1918 (Ad. Communale de Spa – J. Macquet – 1919)

Histoire du Ban et de la Commune de Sart  (François Michoël – 1920)

Spa, Ville d’Air (Marc Joseph – 2009)

Spa alentours (Guy Lemaire, Monique Noé et James Lohest – 2009)

La petite histoire du village de Nivezé (André Hans – 2011)

 « Journal de Spa » de 1933 (Fonds Body)

« La Saison de Spa » de 1933 (Fonds Body)

H.A.S. du 03-2004 (Courses et exhibitions de chameaux à Spa en 1913 – Marc Joseph)

H.A.S. du 12-2014 (Extrait du discours de vernissage de l’exposition « A cheval, à Spa et ailleurs » – Dr André Henrard)