1910 : Source du Tonnelet, Jeanne Guermant, la fille de la tenancière 
(photo collection Claude Blaise)
1910 : Source du Tonnelet, Jeanne Guermant, la fille de la tenancière
(photo collection Claude Blaise)

Si Spa a fait connaissance avec ses premiers touristes (des curistes) dans le courant du 16ème siècle, Nivezé devra attendre la fin du 19ème siècle pour pouvoir les héberger. C’est en effet en 1880 que le gérant de la source de la Sauvenière, F. Defossez,  propose des appartements garnis à louer avec pension ; sa collègue de la source du Tonnelet, J. Decorty, fera de même quelques années plus tard, vers 1910, en proposant chambres et pension. A Warfaaz, c’est vers 1893, suite à la construction du barrage sur le Wayai, qu’un ancien relais de poste est transformé en hôtel (l’Hôtel du Lac) et à Préfayhay, c’est peu avant 1914, que trois établissements (l’Hôtel Leroy, l’Hôtel d’Orléans et la Ferme des Tapeux) proposent des chambres et la pension.

Mais, à Nivezé, celui que l’on peut considérer comme le premier villégiateur, c’est Edmond Joseph Adolphe Simonis (1806-1875). Cet industriel verviétois s’était fait construire, vers 1856,  une résidence secondaire dénommée « L’ Château de Nivezé », sur l’emplacement des anciens Bains du Tonnelet ; cette grande villa devint au fil du temps sa résidence ordinaire où il décéda le 6 novembre 1875.

1900 : Carte postale : Château de Nivezé par la suite « Le Vieux Nivezé »
1900 : Carte postale : Château de Nivezé par la suite « Le Vieux Nivezé »
Carte postale : Juillet 1962 : Camping « La Fraineuse » à Nivezé-Spa
Carte postale : Juillet 1962 : Camping « La Fraineuse » à Nivezé-Spa

Par la suite, d’autres familles aisées (Peltzer, d’Artet, Orts, Louwers, Thisquen, de Leuze, …) construisirent ou acquirent à Nivezé, châteaux ou villas, dans lesquels ils vinrent passer, pendant des lustres, la belle saison ; certaines familles s’établirent définitivement au village. Nivezé posséda également un camping, du milieu des années cinquante jusqu’au milieu des années soixante. Il se situait près de l’ancienne ferme du domaine de la Fraineuse, non loin de la halte du village et du chemin du Soyeureux.

Mais, au village des Campinaires, les villégiateurs les plus nombreux furent ceux qui logeaient chez l’habitant. Depuis la fin du 19ème siècle jusqu’à la fin des années 1950, de nombreux familles nivezétoises hébergeaient chez elles des touristes issus de la classe moyenne, venus de Verviers, Liège et même Bruxelles.

Voici ce que nous dit sur le sujet Léon Marcotte dans son livre « Le Vengeur » édité en 1919. Le texte fait référence au village de Nivezé début du mois août 1914 : « La fenaison venait de finir. Les granges ne suffisaient pas pour remiser la riche récolte de cette année exceptionnellement favorable et, dans les campagnes, le trop plein était tassé en grosses meules en vue des besoins imprévus ou d’une récolte moins fructueuse. La saison avait donc été bonne. Le temps, d’une beauté rare, promettait des vacances délicieuses aux nombreux habitués venant, chaque année, de Verviers, d’Ensival, un peu même de partout, séjourner dans ces parages pour jouir, pendant quelques semaines, de la vie simple et sans souci, passée en plein air, au milieu des habitants si hospitaliers de Nivezé et de Sart. On était heureux. Il faisait bon vivre ».

Le lieutenant-général Lambert Adolphe Edouard Orth
Le lieutenant-général Lambert Adolphe Edouard Orth

Le villégiateur le plus connu fut sans aucun doute le général Orth. Après la Grande Guerre, il est venu, avec son épouse, Marie-Catherine Heuse, pendant de nombreuses années, passer la bonne saison à Nivezé. Depuis 1935, suite à la demande des Nivezétois, son nom fut donné à l’ancienne promenade du Neubois dénommée depuis « Avenue Général Orth » (voir l’article intitulé : L’avenue Général Orth).

Ci-dessous, la lettre envoyée par le général Orth, en mai 1937, à l’ancienne Commune de Sart-lez-Spa, dans laquelle il sollicite l’autorisation d’installer un banc sur les hauteurs du village (connu des villageois sous le nom de : Banc du Général).

1939 : la famille Spitz de Bruxelles en villégiature chez Charles Counet-Blaise.
A gauche, Josette Counet, la petite-fille du propriétaire.
(photo collection Josette Counet)
1939 : la famille Spitz de Bruxelles en villégiature chez Charles Counet-Blaise.
A gauche, Josette Counet, la petite-fille du propriétaire.
(photo collection Josette Counet)

Afin de pouvoir louer leurs pièces de vie habituelles, les Nivezétois habitaient dans leurs annexes et leurs greniers. Dans les fermes, à la fin du printemps, dès que les vaches et les génisses regagnaient les prés, les agriculteurs blanchissaient les étables et s’y installaient, libérant ainsi pour la location le corps de logis. Certains anciens villageois se souviennent encore de cette époque.

Parmi les loueurs, on peut citer les familles suivantes : Counet-Blaise, Gernay-Delierneux, Counet-Gernay, Gernay-Jérôme, Pironet-Lejeune, Jérôme-Darimont, Belche-Jérôme, Delvoye-Depouhon, Delvoye-Philippe, Pironet-Delvoye, Wilkin-Michel, Jérôme-Noirhomme, Bolle-Harry, Guermonprez-Jérôme, Gernay-Hansoulle, Hansoulle-Blaise, Depouhon-Gernay, Jérôme-Wilkin, …

Par la suite, certains villégiateurs loueront à l’année et d’autres fixeront à Nivezé leur seconde résidence en acquérant un bien existant ou en faisant construire. Ce fut le cas des familles Froidthier, Saroléa, Lachapelle, …

De nos jours, il n’y a plus de camping au village des Campinaires, les plus proches se situent à la sortie de Spa (non loin de la source de la Sauvenière) et au hameau de Stockay (près de Sart-lez-Spa) ; l’hébergement hôtelier se limite à sept chambres dans un établissement situé au centre du village ; quant à  la location chez l’habitant comme décrite ci-avant, elle a fait place aux chambres d’hôtes, gîtes et maisons de vacances, nombreux à Nivezé comme dans les villages environnants.

Ancienne ferme Jérôme-Jamar achetée par la famille Froidthier en 1965
Ancienne ferme Jérôme-Jamar achetée par la famille Froidthier en 1965

Jean Lecampinaire

Sources :

Archives de l’ancienne Commune de Sart-Lez-Spa

Le Vengeur  (Léon Marcotte  –  1919)

Douces Nuits (Marc Joseph  –  2005  –  Editions du Musée de la Ville d’Eaux)

Madame Josette Counet

Monsieur Paul Gernay, Monsieur le lieutenant-général Willy Hanset