1942 : les pionniers du fond du Parc
C’est donc en plein conflit mondial qu’un club de basket voit le jour à Spa. Dans un premier temps, il constitue une section du RCA Spa (athlétisme) et son instigateur est Marcel Bruylants (ex-Sporting Liège, D1) qui tente de rallier quelques jeunes du cru à sa cause. Parmi ces pionniers, on trouve les Raway, Brühl, Fayen, Jadin et autre Debatty. Ils seront vite rejoints par Dothée, Pirnay, Tefnin, Balhan, Vandevorst et Tombeur.Le premier terrain se situe au fond du Parc où les basketteurs succèdent aux tennismen. D’où ces deux anecdotes d’André Debatty : « Au tout début, nous dribblions donc sur de la brique pilée. Pour tracer les lignes, nous étions obligés d’aller chercher du sable à la plaine de jeux toute proche. » Ou encore : « En 1944, nous avons affronté la sélection belge. Pour l’occasion, nous avions disputé ce match au casino. Les panneaux de fortune étaient accrochés aux balcons et, à la mi-temps, un d’eux s’est écrasé au sol. Heureusement, sans faire de blessés. » Ouf !
Sachez encore que les vestiaires initiaux se situaient au bas d’un splendide kiosque trônant au milieu du parc, mais était démoli en 1952 pour faire place au mini-golf. C’est alors que le « Père Bloemers » acceptait de mettre à disposition les caves du Chalet du Parc. Du coup, le basket spadois prenait une tout autre dimension basée sur la formation des jeunes. Et avec quels résultats grâce aux Sylvestre, Thomé, Herman, Leroy ainsi qu’aux frères Gaspar et Magerman. Afin de franchir un palier supplémentaire, l’envie – voire l’obligation – d’évoluer en salle s’intensifie…
1965 : le Pouhon, bienvenue en enfer…
Au milieu des années ’60, les autorités communales acceptent que le Pouhon se mue en salle de basket de septembre à avril. Et c’est parti pour des après-midis de folie dans un véritable frigo se transformant vite en impressionnant chaudron pour les équipes adverses. En cause, des Spadois ne lâchant rien et un public « chaud boulette » s’agglutinant autour d’une aire de jeu particulièrement atypique. En 1969, le club devient Casino Spa. C’est l’époque où Alfred Clignet, l’inénarrable correspondant du Jour, descend du train à la gare (normal), s’achète une tarte au riz chez Lagarde, la mange pendant l’échauffement et rédige son compte-rendu sur le… carton de tarte devenu orphelin. Sans parler du nombre incalculable de néons qui n’ont pas résisté aux multiples « balles perdues »…
1972 : cru d’exception tant en hommes qu’en dames
Pour ses 30 piges, le matricule 91 connait une année faste. Au printemps, un test-match est nécessaire entre Spa et Pepinster pour désigner le montant en 3e Nationale. Près d’un millier de supporters se fixent rendez-vous au terrain (extérieur) d’Esneux pour un duel à couteaux tirés dirigé par le duo Brandt-Carpentier, le top de l’arbitrage belge. Pierre Raskin, le coach-secrétaire hoëgnard, relate les ultimes échanges : « A une poignée de secondes de la fin, nous menons de deux points et Barnich hérite de deux lancers-francs qu’il rate. Jacques Paquay récupère le cuir, l’adresse à Bernard Muller qui rétablit l’égalité. Le moral a changé de camp et la prolongation sourit aux Spadois. » Les héros du jour ont notamment pour noms Bloemers (Roland, Jean-Jacques), Snyders, Castagne, Mathy, Demblon (Polo et Pierrot). En face, on recense Van Bladel, Vercheval, Aldenhoff et même Gaston Deckers. D3, nous voilà…
Nos féminines frappent fort, elles aussi. Une génération d’exception est prise en charge par Jacques Paquay, via les Pironet, Jérôme, Devillers, Herman, et Englebert. C’est également en 1972 qu’elles remportent la finale scolaire de la coupe de Belgique disputée à Ostende aux dépens des Anversoises. Dans la foulée, elles joueront les terreurs en 3e nationale. Par la suite, elles seront imitées par les Soyeur, Herman, Gillon et autre Bertholet. Bref, elles s’inscrivent dans la lignée des premières basketteuses du « fond du parc » que furent les Moureau, Augarde (Lagarde), Legrand, Pirotton, Herman et Debatty, à l’entame des années ’50. Celles-ci cédèrent ensuite le témoin aux Muls, Brouwier, Bloemers et Henrard.
1978 : l’Américain, Bob Brown, débarque à Spa
Le Pouhon devenant trop régulièrement synonyme de patinoire, une solution se doit d’être trouvée. A l’été 1977, on assiste ainsi à la pose d’un tapis plain. Ce qui ne fait que booster l’ambition des « Bleu et Blanc ». Et, en août 1978, c’est l’inoubliable Bob Brown qui débarque dans notre cité thermale. On se rend vite compte que l’Américain est très au-dessus de la moyenne. Dès lors, pourquoi ne pas viser une montée en D2 nationale ? Après une lutte acharnée, Fayembois – avec ce tireur fou qu’était Charly Funck – coupe in extremis l’herbe sous le pied des Pirau, Rensonnet, Liégeois et Cie. Il s’en suivra une lente et longue plongée en Provinciales. Sûr que les « Vis Cadets » (créés en 1971) des Wagener, Winbomont et consorts n’ont pas ce genre de souci. Eux qui prennent un malin plaisir à faire sans cesse la nique à des rivaux qui seraient bien leurs fils.
Autre date à prendre en considération : le 30 mai 1992, jour de la commémoration du cinquantenaire qui se déroula à Sol Cress : repas et animation musicale pour la modique somme de 1000 francs belges (25 €).
plus qu’à se montrer digne de ces infrastructures enviées par beaucoup. En 2013, Spa termine 6e en R1 mais accepte d’intégrer la TDM2, cet affreux vocable signifiant D3. Et c’est reparti de plus belle avec un incroyable top 2 en 2015 et la victoire en coupe AWBB, en 2017, au détriment (84-70) de Mont-sur-Marchienne (Borgers, MVP de la finale). Faut dire que Valy est bien entouré avec les Hertay, Delsaute et autre Wintgens.
L’année suivante, nous mettons sur pied les finales de cette même coupe francophone : un modèle d’organisation devant une foule record. Au rayon féminin, les Grisard, Bertholet, Midrez, Bertieaux et sœurs Goffin font aussi chauffer les compteurs. Comme en 2020 avec le doublé des U19 et des dames en finale de la coupe de la Province, au Paire. Une section dames qui se voit d’ailleurs décerner le Prix du Mérite Sportif. Et ce n’est que justice.
2022 : reculer pour mieux sauter ?
Comme un mauvais présage, le (très) regretté Daniel Coheur nous quitte en novembre 2021. Ce qui n’empêche pas nos couleurs (Mertens, Vanden Brule, Franck et Nicaise) de se hisser, début 2022, sur la plus haute marche de la coupe AWBB de 3 x 3 (15-14 contre Belgrade). C’est alors que le comité décide de scratcher, pour raisons financières, sa formation-phare et d’essayer de rebondir au sein de l’élite provinciale. D’où question : est-ce reculer pour mieux sauter ? Quoi qu’il arrive, un grand club et surtout une grande famille ne meurt jamais. La preuve à l’occasion de ce 80e anniversaire et par l’inauguration, en octobre 2022, de l’« Espace Joseph Bloemers » au terrain du fond du Parc. La boucle est bouclée…
Michel CHRISTIANE
Les présidents : Georges Jacobs, Joseph Pesesse, Emile Bartholomé, Jean Yvanoff, José Bloemers, Pascal Villers, Georges Gillon, Francis Lizin, Dany Gustin, Michel Collard.
Les coaches : Marcel Bruylants, Georges Deheselle, José Bloemers, Jules Malmendier (jeunes), Jacques Paquay (filles et première), Léon Dothée, Léo Goyens, Cyriel Van Geert, Gérald Van Bladel, Jean-Jacques Bloemers, Albert Comanne (qui fumait aux temps morts), André Tisserand, Jean-Claude Legrand, Thomas Doneux, Bruno Dagnely, Michel Pluys.