En décembre 99, Spa Monopole inaugurait son 35ème captage au Gué des Artistes. Monsieur Cerfontaine, a étudié la situation de plus près, avec le regard du géographe :
Enfin des informations fiables (publiée dans le Soir du 6/12/99) sur l’hydrogéologie spadoise destinées au grand public ! Il aura fallu 23 ans aux services hydrogéologiques de l’ULG pour déterminer les potentialités aquifères du bassin sud de Spa. Les sources naturelles sont ici des sources de trop-plein, synonymes de débordement ou d’émergence. En tant qu’émergences naturelles de la nappe aquifère, elles sont inutilisables telles quelles et doivent être aménagées. C’est le cas de la » source Artistes » qui est captée artificiellement par un forage tubé de 40 m de profondeur. Ceci n’évoque guère l’image habituelle d’une » vraie source « . Ce captage est de type artésien, c’est-à-dire que l’eau y jaillit sous pression. On observe ce phénomène lorsque le niveau hydrostatique est nettement au-dessus du niveau de la source et du captage. Aussi, le CO2 contenu naturellement dans l’eau minérale exerce une pression et une force ascensionnelle.
D’après Le Soir, le débit de cette » nouvelle source » est de 10 m3/heure soit 240 m3/jour et plus de 87.000 m3/an. De quoi remplir au moins 58 millions bouteilles de 1,5 litres en un an ! Si on y ajoute les 16 millions de litres de Marie-Henriette, les 260 millions litres de Spa-Reine, nous pouvons nous demander si les nappes aquifères ainsi sollicitées peuvent encore déborder vers les sources naturelles des cours d’eau des versants sud ? C’est peu probable et cela explique probablement leurs débits maigrichons. En compensation, il faut dire que ces » sources » assurent la prospérité d’une entreprise locale avec grosso modo 600 emplois, qu’elles renflouent les caisses communales de 200 millions de redevances annuelles et procurent de plantureux droits d’accises et de TVA à l’Etat belge.
Alors Spa, Pays des » Eaux vives » ou Pays des » Eaux embouteillées » ? Est-ce un choix encore possible ? Peut-on vouloir le beurre et l’argent du beurre ? Et que pèse un filet d’eau en regard des hydrodollars ? Pas plus sans doute que 35000 riverains à côté d’un aéroport mal placé !
Francis Cerfontaine