Ce 23 septembre, on apprend que Spadel a racheté la plus grande partie de la gare de Spa et 300 m2 de terrain. Le guichet et la salle d’attente restent la propriété de la SNCB.
On ne connaît pas l’objectif de la firme en achetant ce bâtiment : un bar à eau, un musée, l’extension de l’entreprise ? Et pourquoi ne pas rêver : la firme pourrait ainsi utiliser le chemin de fer pour transporter ses marchandises.
La gare construite en 1863
La ligne de chemin de fer Pépinster-Spa (tronçon La Reid-Spa) a été construite en 1855. LG première gare de Spa date de cette année (elle a été démolie en 1991 pour construire le building de la rue de la gare). La ligne connaît rapidement un grand succès, elle est très fréquentée par les autochtones mais surtout par les curistes. En 1861, la ligne s’étend au Luxembourg. La gare de Spa devient internationale et c’est en 1863 que le bâtiment actuel est construit.
La gare de Spa présente toutes les caractéristiques des bâtiments ferroviaires du 19e siècle. On y retrouve le schéma type des installations du chemin de fer: salle des bagages, guichets, salle d’attente, « bibliothèque », buffet et locaux administratifs. La gare est dotée d’une magnifique marquise (éléments architecturaux du même style que le pouhon et sa verrière, la galerie Léopold II). Elle sera malheureusement démontée en 1970 pour assurer l’électrification de la ligne. Cette verrière a été immortalisée dans le film « Belle » d’André Delvaux.
Malgré les nombreuses transformations, la gare de Spa reste un petit édifice intéressant car il est le témoin d’une époque où le chemin de fer et sa gare constituaient véritablement un pôle de développement économique et social. De nombreux hôtels s’installèrent sur la place, la firme Spa-Monopole achemina sa production par chemin de fer (jusqu’en 1972) et la caserne toute proche transporta son matériel par rail.
La place est fréquentée par une quantité de petits artisans et plus particulièrement par les bidlis qui proposent aux voyageurs de les conduire au centre-ville en calèche.
Au point de vue historique, la gare recevra la visite de nombreux personnages, notamment la Reine Marie-Henriette qui séjournait régulièrement à Spa. Durant la guerre 14-18, le Kaiser Guillaume II ayant fait de Spa son quartier général, il y reçoit ses généraux alliés. Après la guerre, la conférence de la Paix (1920) amène en gare de Spa les négociateurs des diverses puissances internationales.
Evacuation du charroi de Spa-Monopole par chemin de fer
Depuis de nombreuses années, l’évacuation de la production des eaux de Spa Monopole par la route pose problème et des nuisances. La solution du transport par le rail a été très souvent évoquée et étudiée.
En 1922 et 1924, autorisation a été donnée à Spa Monopole, et cela par arrêtés ministériels, de construire un quai de chargement et un raccordement au réseau du chemin de fer. Celui-ci a été supprimé en 1975, Spa Monopole n’utilisant plus le rail pour ses transports depuis le 1er janvier 1972 alors que la ligne venait d’être électrifiée en mai 1971 …
En 1979, une bande de terrain a été rachetée par Spa Monopole à la SNCB pour permettre une circulation plus facile des camions.
Des projets pour relancer le transport par rail
Le plan communal de mobilité de la ville de Spa du 16 mars 2017(sur le web voir page 32) a conclu que le transfert de la production de Spa Monopole sur le rail était faisable.
Cette solution permettrait de diminuer une partie du trafic lourd en ville (-150 poids lourds au centre-ville). L’étude montrait qu’au point de vue économique, le transport par rail coûtait légèrement plus cher que le transport par route.
Le rapport de synthèse de l’Association Pour la Sauvegarde du Patrimoine Spadois en 2000 montrait que le transport combiné rail-route (conteneurs mis sur) de la production de Spa-Monopole était techniquement faisable et économiquement possible moyennant subsides. L’association présentait (pages 19 à 22) une synthèse très fouillée des problèmes liés à ce projet et des techniques pour y remédier. L’évacuation de la production aurait pu être effectuée par 8 trains de 15 wagons par jour. Si les données de ce dossier doivent être mises à jour, l’essentiel de l’analyse reste pertinente. PROJET DE ROUTE DITE “DE CONTOURNEMENT DE SPA” ANALYSE DU PROBLEME : SYNTHESE
Voir également les articles de Réalités : Septembre 1994 – mars 1998 – septembre 1998
Le maintien de la gare de Spa et de la ligne 44 : danger !
La suppression de la gare de Spa et de la ligne 44 est malheureusement régulièrement évoquée par la SNCB ou Infrabel pour des raisons économiques.
Lors du dernier conseil communal l’échevin Fredéric a proposé de voter une motion pour sauvegarder la ligne 44 afin de permettre aux nombreux navetteurs d’utiliser ce moyen de déplacement confortable, peu onéreux et écologique et aux touristes d’accéder à notre ville. Le service offert s’est dégradé, les correspondances à Pépinster sont désastreuses. Tous les conseillers s’accordent pour dire que le maintien de la gare est capital pour la mobilité à Spa. Elle est votée à l’unanimité.
M. Gazzard insiste pour que soit relancée une dynamique autour de la gare et du chemin de fer avec un plan qui coordonne plusieurs initiatives. Il faut une discussion avec le ministre, le ministre wallon, les entreprises.
Le contrat d’axe projet pilote est d’expérimenter un contrat d’axe, mobilité, logement. Il faut aussi agir sur l’offre (meilleur équipement, fréquence). Promouvoir les abords de la gare, création de logements près de la gare, amélioration de l’intermodalité, une journée train graduit, des tickets combinés avec des expositions, une navette entre la gare et le centre, des vélos à louer etc. Il faut faire revenir les voyageurs et revaloriser les abords. Et réétudier avec Spa-Monopole le transport bi-modal.
M. Jurion souhaite que la liaison Spa-Bruxelles en 1h20 soit respectée et propose que le croisement des trains se réalise à Pépinster et non à Spa.
Pol Jehin
Reportage de Vedia (Anciennement Télé Vesdre) du 20 septembre 2019 :