C’est la collégiale Saint-Paul, fondée en 959, qui succéda à l’église-mère de Liège et devint ainsi la cathédrale actuelle. Son trésor renferme les plus belles orfèvreries de l’ancienne principauté avec comme point d’orgue les reliquaires de Saint Lambert (ci-contre) et de Charles le Téméraire qui, à eux seuls, suffiraient à susciter l’intérêt du visiteur. Les chefs-d’œuvre de sculpture de Jean Delcour, les anciens vitraux et les exceptionnelles collections ne feraient que confirmer la curiosité.
Afin de perpétuer la tradition de l’histoire liégeoise, deux grands tableaux occupent principalement la chapelle dédiée au saint. Faisons un plongeon dans le temps.
Nous sommes à la fin du 7ème siècle où les maires du palais ont pris l’ascendant sur les derniers rois mérovingiens (dits les rois fainéants). Le règne de Peppin de Heristal, né vers 650 et mort à Jupille en 714, prévaut à cette époque.
Premier tableau – « Le Banquet de Jupille » ou les causes du martyr.La grande peinture romantique d’Auguste Chauvin (1810-1884) illustre bien cette tradition liégeoise où les références à la peinture ancienne ne manquent pas. La scène se situe dans une salle du palais de Peppin à Jupille. Au centre, l’évêque Lambert, la tête haute, d’un large geste, désigne du doigt Alpaïde en signe d’opprobre. Assise à gauche, dominée par Pepin, la concubine protège sous son bras droit le jeune Charles Martel, fruit de ses amours adultères. Derrière eux, un peu dans l’ombre, Dodon, frère d’Alpaïde qui pour venger l’honneur de sa sœur, fera assassiner l’évêque Lambert dans sa retraite de Liège.
Deuxième tableau – « Le Martyr de Saint Lambert » en l’an 696 par J.H. Tahan (photo IRPA)Ce tableau magistralement brossé vers 1813 par l’artiste spadois Jean-Hubert Tahan représente Saint Lambert assailli au pied d’un autel par une horde de guerriers qui brandissent des armes menaçantes tandis que des anges lui apportent palme et couronne du martyr.
La dimension historique de l’œuvre (4,5m x 3,5m) mais aussi la dimension stylistique où on retrouve l’influence néo-classique du peintre Jean-Louis David ont justifié sa restauration en 2006, 13 siècles après le martyr du saint en 696.
Finalité
L’auréole du martyr sanctifia le lieu du crime qui devint bientôt un lieu de pèlerinage sous l’égide des descendants d’Alpaïde d’Avroy et Peppin de Heristal. Charles Martel, maire du Palais écrasa les Arabes à Poitiers en 732. Peppin le Bref, couronné roi des Francs en 751 instaura la puissance temporelle de l’église. Charlemagne fut sacré Empereur d’Occident le jour de Noël de l’an 800.
Jean-Hubert TAHAN
Jean Hubert Tahan est né à Spa en 1777, issu d’une famille de décorateurs et d’ébénistes, passa sa jeunesse à peindre des boîtes et des ouvrages d’art spadois.
En 1795, appelé à Paris pour rejoindre l’armée française, il emporta peut-être une jolité tant et si bien qu’il réussit à se faire admettre dans l’atelier de Jean-Louis David, peintre de l’empereur Napoléon Bonaparte. Comme élève, après être exempté, il participa probablement dans une certaine mesure aux grandes fresques de son maître qui ornent les cimaises du musée du Louvre. Cette référence lui valut sûrement l’avantage d’être choisi pour exécuter le tableau de la cathédrale. Il mourut à Niort (Deux-Sèvres) en 1843 dans la région bordelaise où la plupart de ses toiles furent répandues.
La généalogie de la famille Tahan remonte au 15ème siècle mais mentionne déjà des lignées de peintres deux siècles plus tard.
Pierre Lambert TAHAN, frère de Jean-Hubert, peintre tabletier de valeur, né à Spa en 1780.
L’illustration publicitaire pour l’exposition universelle de Londres en 1855 montre les vitrines de la maison Tahan au temps de sa splendeur dans cette rue illustre qu’est la rue de la Paix à Paris. On devine la place Vendôme au pied de sa colonne, évocatrice de rêves d’exubérance richesse tant par sa joaillerie (Van Cleef, Cartier) que par les maisons de la haute couture française.
La ville de Spa peut s’enorgueillir d’avoir favorisé l’éclosion de tels talents qui ont su porter haut le renom de leur famille et celui de tous ces artistes spadois, peintres, ébénistes ou tabletiers.
Un Liégeois de Spa
Les données fournies par Mme Schils (Musée), Mme Fourneau (Fonds Body), M. Dubart et M. Heuse (généalogie) ont permis de réaliser cette évocation. L’ouvrage « Saint-Lambert, de l’histoire à la légende » est disponible à la bibliothèque de Spa sous la cote 949.3 KUP.
Suite à cet article, j’ai eu l’occasion de découvrir sur les sites de vente d’antiquités par internet, des objets ayant été créés par Jean-Pierre Tahan.
Parmi ces objets était mise en vente une cave à liqueurs estampillée « Tahan Paris ». Il s’agit d’un petit meuble destiné à recevoir verres et bouteilles de liqueur. Le vendeur décrit l’objet et présente l’auteur Jean-Pierre-Alexandre Tahan. « Probablement le plus célèbre, ébéniste de l’empereur Napoléon III. Né à Paris le 11 octobre 1813. C’est sous son impulsion que la maison de son père, Pierre-Lambert, prit son essor et devint une des plus célèbres de Paris. Il exerça 10, rue Basse du Rempart jusqu’en 1847, puis 161 rue St Martin, 34 rue de la Paix à partir de 1849, et pour finir 11 boulevard des Italiens, de 1866 à 1878.
Cette dernière adresse est la plus prestigieuse, car il avait à ce moment-là la confiance de Napoléon III. Ses spécialités étaient les boîtes, coffrets, petits meubles style bonheur du jour, bureaux. Il avait d’importants ateliers et plus de 200 ouvriers vers 1870. Il participa à toutes les expositions et concours entre 1849 et 1867. Il remporta une médaille d’argent en 1849, une à Londres en 1852, et la médaille d’or en 1867, ainsi qu’une médaille honorifique en 1865 décernée par l’Union centrale des Beaux- Arts.
Il devint une des personnalités de sa corporation, et exerça jusqu’en 1882. Il se retira ensuite près du jardin du Luxembourg, et s’éteignit le 26 mars 1892. On retiendra surtout sa créativité, son talent, et la recherche permanente de matériaux nouveaux et de techniques nouvelles. » Ci-dessus un plat de Tahan. Page suivante, un extrait du catalogue des produits réalisés par Jean-Pierre Tahan.
Question : A quel Tahan a-t-on voulu rendre hommage en baptisant la rue Tahan, située entre la rue Jean-Philippe de Limbourg et le boulevard des Guérêts.
Pol Jehin
Bonjour,
Il y a 30 ans, j’ai consacré mon sujet de thèse à J.P. Alexandre Tahan. Il n’est pas né à Spa mais à Paris dans le 7e arrondissement. Avant d’être fournisseur de l’Empereur, il fut fournisseur du roi Louis-Philippe. Par contre, c’est son père Pierre Lambert qui s’installa à Paris en 1806 mais mourut à Spa en 1844, à l’Hôtel. Je n’ai jamais découvert ce qu’il était venu faire à Spa…
Bonjour ;-0
Je suis Catherine Tahan. Serait-ce possible d’avoir une copie de votre thèse ? Nous en serions ravis
Merci et belle journée à vous
Oui. Une copie de votre thèse pour mon compagnon serait la bienvenue. Pouvez-vous me communiquer comment vous rémunérer? Merci