Après le bâtiment principal de l’ancienne école communale de Nivezé, c’est un autre bâtiment nivezétois de la même époque qui est à vendre. Grâce à son caractère patrimonial, cette ancienne villa nivezétoise a échappé à la démolition et sera incluse dans le lotissement en cours de réalisation route du Tonnelet, non loin de la source du même nom.
Cette maison, naguère enseignée « La Bicoque », a été construite vers 1855. L’Atlas des voiries vicinales (1841) et la carte de Vandermaelen (1846-1854) ne mentionne pas de bâtiment à l’endroit où elle se situe. Par contre, le plan Popp (1860) et la carte du Dépôt de la Guerre (1865-1880) attestent de sa présence à cet endroit. Le registre cadastral de 1860 qui accompagne le plan Popp donne le nom de sa propriétaire : Joséphine BLAISE, cultivatrice à Nivezé, épouse d’Alexis BEYER. Ce dernier décède en 1865 et son épouse en 1870 à l’âge de 42 ans. Les héritiers vendent le bien à Edouard Joseph Aldolphe SIMONIS, industriel lainier, qui possède déjà les parcelles de terrain situées de part et d’autre de la maison.
L’industriel verviétois avait acheté en 1856 au comte Valéry de ROTTERMUND l’Hôtel des Bains du Tonnelet (voir Réalités n° 392 : Les bains du Tonnelet), qui était situé juste en face de la maison de Joséphine BLAISE, de l’autre côté de la route qui mène à la fontaine du Tonnelet. Avait-il acheté la maison afin d’y installer la conciergerie de sa résidence ? Adolphe SIMONIS avait en effet fait transformer l’Hôtel des Bains en maison de résidence ordinaire, enseignée sur certains documents « Château de Nivezé » et sur d’autres « Château Simonis », par la suite elle fut dénommée « Le Vieux Nivezé ».
L’industriel avait constitué de 1856 à 1875, année de son décès, un vaste domaine appelé « Le Domaine de Nivezé », en acquérant de nombreuses parcelles à des fermiers du village ou des environs. Sur son domaine, il avait fait construire en 1858 une ferme à la pointe du progrès, appelée « La Ferme Modèle » ou aussi « Nivezé Farm ».
En 1875, suite au testament du défunt, ses neveux héritent de ses biens, alors que sa veuve n’en conserve que l’usufruit. Le recensement communal de 1890 donne les renseignements suivant pour le « Château Simonis » et la maison enseignée « La Bicoque » :
– noms des occupants : CHAUDOIR
– noms des propriétaires : Les héritiers SIMONIS
Le 23 septembre 1896, suite au décès de leur tante, les héritiers SIMONIS vendent « Le Domaine de Nivezé » en 4 lots (voir Réalités n°362 : Les châteaux Peltzer de Nivezé). La propriété « Le Vieux Nivezé », dont fait partie l’ancienne maison de Joséphine BLAISE, est achetée par Georges PELTZER et son frère René PELTZER. Ce dernier cèdera rapidement sa part à Georges et constituera quelques années plus tard le Domaine du Haut-Neubois. Après le décès de Georges PELTZER, sa veuve céda en 1938 la propriété à son fils Gaston PELTZER. A cette époque, la maison enseignée « La Bicoque » était occupée par le baron Charles Louis de FURSTENBERG et sa famille.
En 1969, la propriété « Le Vieux Nivezé » est vendue aux Mutualités Chrétiennes qui font démolir l’année suivante le vieux manoir nivezétois et construisent en 1972-1973 le bâtiment actuel, centre de convalescence et de revalidation. La maison enseignée « La Bicoque » est alors utilisée comme logement de fonction par M. GODELAINE, le directeur du centre de convalescence. Par la suite, elle sera louée, puis finira par ne plus être occupée. Actuellement, l’ancienne villa nivezétoise appartient au promoteur du lotissement, la société « Général Construction », et est à vendre.
Jean Lecampinaire
Sources : Les villas et châteaux Peltzer de Nivezé (Jean Toussaint – H.A.S. – 2008), Mmes Josette Counet, Denise Jérôme et Nadine Lambertz
Une villa spadoise caractéristique : Par son volume sobre en moellons et en briques blanchis, cette habitation est représentative de l’architecture du village de Nivezé, plus rural. Mais elle présente aussi quelques caractéristiques propres aux villas spadoises, comme son élégant balcon en bois qui s’étend tout le long du pignon est et de la façade sud, et ses jolies persiennes qui agrémentent ses fenêtres et ses portes-fenêtres. Cette habitation présente toutes les qualités qui lui permettraient de figurer à l’Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel Wallon.
Martine Marchal « Spa Patrimoine »