La croix Beckers

Avec la stèle Marcel Rixhon et Armand Xhrouet, , la croix Beckers est le second monument en rapport direct avec la tragédie de Winamplanche du dimanche 10 septembre 1944, jour de la libération de Spa par les troupes américaines.

Ce petit monument se trouve dans le village de Winamplanche, à gauche en venant de Marteau, presque en face du carrefour formé par la route allant à Desnié et la route menant à l’Ecole d’Agriculture et au Maquisard Inconnu.

Madame Beckers, voulant commémorer le souvenir de son mari et de son fils, fusillés par les S.S. ce jour-là, fit élever près de la maison familiale, incendiée avec douze autres bâtiments, une stèle simple en pierre de taille. Voici l’inscription qui se trouvait sur le monument initial :

La première Stèle Beckers  Extrait de « L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau du Xe siècle à nos jours

La première Stèle Beckers
Extrait de « L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau du Xe siècle à nos jours


A LA MEMOIRE DE
PIERRE BECKERS
ET DE SON FILS JEAN
AGES DE 44 ET 23 ANS
LACHEMENT ASSASSINES
PAR LES NAZIS
LE 10-9-44

Au cours des années et à plusieurs reprises, le monument Beckers, situé non loin de la salle du village, fut détérioré par des vandales ou des ivrognes jusqu’au jour où Madame Beckers fit enlever la petite stèle (Quand ?).
Lorsque Monsieur Ramaekers présenta, en 1977 et 1978, dans la revue «Histoire et Archéologie spadoises », un important dossier intitulé « Croix, Chapelles et Oratoire de la région spadoise », la croix Beckers était citée comme « disparue ».
Fin des années 1980, un nouveau monument fut enchâssé dans le mur de la propriété voisine, au même endroit que le monument initial. Voici l’inscription de la stèle actuelle :

Stèle actuelle élevée à la mémoire de Jean-Pierre Beckers et de son fils Jean

Stèle actuelle élevée à la mémoire de Jean-Pierre Beckers et de son fils Jean


A LA MEMOIRE DE
J.P. BECKERS
ET DE SON FILS JEAN
MEMBRES DE L’ARMEE
SECRETE C.T.I.
ASSASSINES PAR LES NAZIS
LE 10-9-1944

Voici le récit du drame :

« Le dimanche 10 septembre 1944, au milieu de la matinée, les troupes américaines libèrent la ville thermale. La bonne nouvelle arrive à Winamplanche vers 11 heures, lors de la sortie de la messe. Beaucoup de villageois décident alors de se rendre à Marteau pour voir passer les libérateurs et certains installent, avant de partir, des drapeaux aux fenêtres de leur habitation.
Vers 11h30, un convoi militaire venant de Hautregard approche du village. Voilà les Américains ! crie un gamin. Tous les yeux se tournent en direction des bruits de moteurs. Malheur ! Ce sont les Allemands. La panique s’empare alors des Winamplanchois restés au village. Certains se réfugient dans les caves, d’autres s’enfuient et franchissent le ruisseau l’Eau Rouge.
Les Allemands traversent rapidement le village et entrent dans le café Préal (situé à la sortie de Winamplanche, côté Marteau), qu’ils pillent. Pris de boissons, ils deviennent très agressifs et à la vue des drapeaux qui flottent aux façades des maisons, entrent dans une fureur terrible, prennent des otages et incendient treize bâtiments.
La famille Beckers tient une épicerie et un atelier de réparation de vélos. Elle est restée au village. Comme plusieurs Winamplanchois, elle a accroché des drapeaux belges à ses fenêtres. Des Allemands font alors irruption dans l’immeuble, une torche incendiaire à la main. Surpris, le père et le fils tentent de fuir par l’arrière de la maison et essayent de gagner l’Eau Rouge. Mais les Teutons, ayant en plus découvert d’autres drapeaux en préparation dans l’atelier, les ramènent sur le pas de la porte, les bousculent et, sans sommation, les abattent froidement d’une balle dans la nuque sous les yeux de l’épouse et mère. Mme Beckers se jette alors sur les assassins et les frappe de toutes ses forces. Ils la repoussent et se justifient par un « Raus Madame, Terroristen ! ». Comble de cynisme, les S.S. recouvrent le corps des deux victimes avec des drapeaux aux couleurs nationales ».

Jean Lecampinaire
Sources :
Croix Chapelles Oratoires de la région de Spa (Comité culturel de Spa – 1992)
La Reid (André Vlecken – 1949)
Croix, Chapelles et Oratoires de la région de Spa (H.A.S. – Maurice Ramaekers – 1977 à 1979)
La libération de Spa et de sa région (François Bourotte – 1994)
L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau du Xe siècle à nos jours (Camille Massart – 1988)
La Vie Spadoise (Fonds Body)
Monsieur Georges Ledoyen


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