« Watroz » : nom donné, il y a bien longtemps, aux prairies marécageuses situées en bas du ruisseau provenant de la Sauvenière, parfois appelé ruisseau d’Orléans. Une graphie de la première moitié du 16ème siècle : « ware troux » donne une idée de l’étymologie de ce toponyme. « Ware » signifie terrain inculte, fangeux et « troux (trô) » signifie trou, car ces prairies sont dans un fond.
Le pouhon jaillissant à cet endroit prit tout naturellement le même nom ; il est d’ailleurs cité en 1559 par Lymborh (l’auteur de la première monographie consacrée aux eaux de Spa) sous le nom de : « la fontaine dite du Woitrou ».
En 1735, on peut lire dans les « Amusemens des Eaux de Spa » qu’une petite fontaine très négligée, que l’on nomme le Watroz, est située entre le Septentrion et l’Orient, à une demi-lieue de Spa et à environ un quart d’heure de la Sauvenière. Elle sourd, d’après l’auteur, dans le bas d’une prairie marécageuse et ne semble pas très fréquentée à cause de sa situation fort incommode. Certaines personnes, dit-il aussi, vont en boire les eaux par manière de purgation, mais ils n’y vont que par temps sec, parce que sa situation basse fait que ses eaux s’altèrent facilement par les pluies.
En 1782, la description donnée par Jean-Philippe de Limbourg, dans son livre intitulé les « Nouveaux Amusemens des Eaux de Spa », nous indique que : l’environnement de la source a peu changé ; l’accès en est toujours aussi difficile et se fait via un sentier paré de grosses pierres ; la source est protégée par une modeste niche sans ornement, mais elle est négligée et malpropre.
Durant le 19ème siècle, les livres publiés sur Spa parlent peu ou plus du tout du Watroz. Voici ce qu’en écrit Albin Body, en 1872, dans son guide sur les promenades de Spa : « Des fourrés inabordables, des bouquets d’arbres servent de limites aux prairies marécageuses. Si d’abondantes herbes ou la vigoureuse végétation des fougères ne vous en dissimulent pas la place, vous trouverez l’ancien et célèbre Watroz. Cette source qui dans la 1ère moitié du siècle dernier était encore au rang des fontaines officielles, et que les médecins préconisaient presque autant que sa voisine le Tonnelet, est tombée dans un profond oubli. C’est à grand peine qu’on découvre l’endroit où elle sourdait et il ne reste pas le moindre débris de la niche qui y fut élevée ».
De nos jours, un grand étang occupe ce fond de vallée jadis très marécageux. Il est alimenté par une dérivation du ruisseau de la Sauvenière coulant en contrebas et il se situe dans une propriété privée. Quant à la fontaine, non accessible au public, elle sourd près du plan d’eau.
La fontaine du Watroz | |
Jean Lecampinaire
Sources :
- Sources minérales et Fontaines de Spa (1991 – Comité culturel Spa)
- La fabuleuse histoire des Eaux de Spa (1989 – Spa Monopole)