M. Léon Marquet a consacré de nombreux articles au loup dans le folklore régional. Dans le n° de juin 1992 de notre revue, il donne quelques informations sur la chasse au loup dans la région spadoise.
Dans un article publié dans le bulletin d’Histoire et Archéologie spadoises (juin 1992), G. Peeters relate la mésaventure arrivée au Spadois Alexandre Delhasse en 1828 ou 1829 (récit publié par ce dernier en septembre 1860 dans l’Echo des Fontaines).
Revenant seul une nuit à travers bois d’un bal de village, il tomba dans une fosse à loup dont il ne put sortir qu’au petit matin. Alexandre Delhasse donne des précisions sur les « fosses à loup ».
« S’il y a beaucoup de fosses à loup en Ardenne, c’est parce que la tête de cet animal carnassier est mise à prix. Voilà pourquoi le villageois, qui n’a pas le temps, ni le pouvoir de s’adonner à la chasse, de battre la forêt quand les travaux de la ferme réclament ses soins, lui tend des pièges au lieu de le traquer. A cet effet, il creuse un trou profond en forme de cône, le recouvre de branches flexibles et légères, puis traînant les restes d’une bête morte aux environs, il les dépose à l’orifice de la trappe. Inutile d’ajouter que le quadrupède sauvage, attiré par l’odeur de la charogne, en suit les traces, la trouve et qu’aussitôt qu’il l’empoigne, il fait la culbute avec elle. »
L’endroit nommé l’ovredge fosse est certainement lié à cette pratique. Le toponyme Lovereche fosse figure dans la délimitation de la forêt du Prince Evêque en 1519. On trouve en 1573 Loffret fosse et Louvretfosse en 1719. Jules Antoine signale aussi le lieu-dit « al fosse di leu » près de Creppe.
En 1587, Mathieu, fils Henri Mathieu de Creppe fut tué accidentellement d’un coup d’arquebuse tiré par Melchior, fils Gérard Henra du même village, « lequel pensait thirer ung loup qu’il meugist quelques bestes sauvages ».
Des chasses au loup étaient organisées autrefois dans le Marquisat de Franchimont au XVIe siècle. Dans un mandement du baron de Lynden, gouverneur du Marquisat de Franchimont, fait savoir à « tous et chacun mannans et surceans (habitants) de ce ban de Theux de s’apprester et accomoder pour faire une chasse générale aux loups le jour de la Saint Jacqz , le mardi 25 juillet du grand matin dans les forest de chanecul, dalsart et Xhawinfaaz… faisant savoir que tous les garçons audesseur de l’age de 12 à 13 ans et plus s’y ayent a trouver pour traverser avec les hommes les bois (comme traqueur). … et serat procédé contre tous ceux portant armes qui seront trouvé en faulte de n’avoir assisté a ceste chasse, pour satisfaction de l’amende d’ung florin d’or ».
Pour se préserver du loup on récitait l’oraison du loup dont voici une version notée à Creppe :
« Loup je te conjure de la part du grand Dieu Vivant, tu n’auras pas de pouvoir sur moi ni sur mes bêtes pas plus que le grand diable n’en a sur le prêtre à l’autel quand il célèbre la sainte messe.Que le bon saint Georges te ferme la gorge, que le bon saint Jean te casse les dents ».
Pour se préserver des loups enragés, il fallait réciter l’oraison suivante :
« Bienheureux Saint Hubert, contre trois choses me défend du loup et du serpent, du mauvais chien enragé Qu’il ne puisse approcher plus que les étoiles du ciel ». (voir Réalités 202 page15)