Le couple Depouhon-Jérôme occupe avec ses deux fils, Joseph et André, la partie principale dénommée « Les Tilleuls ». L’autre partie, « Green Cottage », est louée à la famille Boxho jusqu’en août 1942. Fin septembre de la même année, André Depouhon s’y installe avec sa jeune épouse Germaine Gernay.
Depuis sa construction, la villa est toujours restée dans la famille Depouhon. André en devient propriétaire en 1965 et, à son décès, sa fille Claudine hérite du bâtiment ; mais n’habitant pas le village, elle le met en location
La particularité de cet immeuble est qu’il a été bâti avec des briques fabriquées sur le terrain, avant de le construire. Au début du 20e siècle, cette façon de faire était très souvent pratiquée sur terre propice, c’est-à-dire riche en argile. Les briquetiers étaient appelés, parfois de loin, et travaillaient à façon, payés à la brique.
A la fin des années 40, la menuiserie Depouhon employait 7 personnes : Louis Depouhon, Joseph Depouhon, André Depouhon, Vincent Wuidart, René Marron, Mathieu Hurlet et Georges Pironet. Avant la 2e Guerre, en plus des travaux habituels de menuiserie, Louis Depouhon fabriquait des charrettes, il était le charron du village.
Dans nos campagnes, jusqu’au milieu du siècle dernier, tant que la traction animale était encore prédominante, chaque village avait un charron (lu tchaurlî). Celui-ci fabriquait, entretenait ou réparait : brouettes, charrettes, calèches, tombereaux, chariots ou carrioles. Il soignait particulièrement les roues à cause des chemins souvent défoncés et des lourdes charges très fréquemment véhiculées.
A l’automne, le charron repérait en forêt les arbres qui l’intéressaient pour fabriquer roues et charrettes. Le chêne était apprécié pour sa solidité; avec le frêne, il servait à la fabrication de certaines parties de la roue : jante et rayons (rais). Pour le moyeu, l’artisan utilisait de l’orme, de préférence noueux. Les autres éléments étaient réalisés en sapin, hêtre ou charme en fonction des essences présentes dans la région.
Durant l’hiver, il débitait les grumes, livrées par le bûcheron, en planches de diverses épaisseurs en fonction de leur utilisation (rais, jantes, planches de fond, …). Puis, le bois était mis à sécher pendant plusieurs années dans une remise. La construction des charrettes et autres véhicules s’effectuait en général au début du printemps. Les réparations non urgentes étaient réalisées en été, après la fenaison.
A Nivezé, le cerclage métallique (le bandage) des roues n’était pas réalisé par le charron. Cette opération se déroulait chez le forgeron local, Victor Joseph Andrianne qui habitait, la « ferme des Abeilles », non loin du Pont le Page. Victor était également le maréchal-ferrant du village.
Durant la 1ère Guerre, en 1918, les Allemands firent placer sur chaque tombereau et charrette une plaque métallique indiquant le nom et l’adresse de son propriétaire, c’était, somme toute, la plaque d’immatriculation de l’époque.
Jean Lecampinaire
Sources : Mesdames Josette Counet et Claudine Depouhon, Monsieur Vincent Wuidart Les briqueteries de Nivezé – H.A.S. – 1985 – Spa – R. Paquay