L’allumeur de réverbère était souvent représenté sur les cartes de vœux du nouvel an. En effet, tous les petits métiers de la rue, allaient de maison en maison pour recevoir leurs étrennes. Ils laissaient souvent une carte illustrée avec des vœux tels que celui-ci :
Madame,
L’allumeur de nuit, des malheurs vous protège
Il n’est pas à l’abri, qu’il vente, pleuve ou neige
Lui, qui, par la clarté écarte le voleur
De se recommander, en ce jour, à l’honneur.
Les allumeurs de réverbères étaient bien entendu très importants pour assurer l’éclairage public et la sécurité des citoyens. Ainsi, dans notre ville de Spa, en 1863, l’éclairage public est assuré par 75 becs à gaz et 25 lampes à huile. Vingt ans plus tard, le nombre de lampadaires a augmenté. Il y avait 151 réverbères à gaz, 52 lampes à pétrole et deux lampes électriques. En 1904, l’éclairage à l’électricité avait pratiquement remplacé l’éclairage au gaz. On comptait 39 lampes à arc, 187 lampes à incandescence et seulement 19 réverbères au gaz. Les villages étaient éclairés par des lampes à pétrole (15 à Nivezé, 10 à Creppe 5 à Winamplanche).
allDès la vesprée, l’allumeur de réverbère parcourait les rues muni d’une perche de bambou de deux mètres de haut. Son travail consistait à ouvrir le carreau du réverbère pour déclencher l’arrivée du gaz et à l’enflammer afin de donner une flamme jaune qui éclairait la rue.
Les réverbères à gaz étaient fixés sur des mâts en fonte ou des consoles murales. Le long bâton de l’allumeur de réverbères était muni d’une griffe et d’une lampe à alcool. La griffe servait à ouvrir le robinet de gaz qui était tenu hors de la portée des passants; la lampe à alcool avait pour but d’allumer le gaz. Dès l’aube, il effectuait le même parcours pour éteindre les réverbères.
On se souvient également de l’allumeur de réverbère du Petit Prince de Saint Exupéry. Sur la cinquième planète, toute petite, vit un allumeur de réverbères, au pied d’un unique réverbère. Il l’allume quand le soir tombe, il l’éteint au lever du jour. Normal, c’est la consigne. Mais sa planète tourne de plus en plus vite et c’est maintenant une fois par minute qu’il allume et éteint. « Je n’ai plus une seconde de repos », dit-il. Le Petit Prince lui suggère de marcher pour rester dans l’ombre ou la lumière, et ne plus avoir à travailler. Mais, pas de chance: « Ce que j’aime dans la vie, c’est dormir », explique l’unique habitant de cette planète. Le Petit Prince voit bien que ce travail est absurde. »
Cependant il est moins absurde que la vie du roi, du vaniteux, du businessman, du buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, il endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli. »
Une version moderne de l’allumeur de réverbère
Un système de commande par téléphone portable a permis à la petite commune de Dörentrup en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne, de réduire sa facture d’électricité de 25%. A 21 heures précises, la commune de 8.500 habitants, éteint chaque soir les lampadaires de 25 rues les moins passantes.
Un système permet aux habitants de ces rues de faire fonctionner l’éclairage public grâce à leur téléphone portable. Une fois inscrits dans une base de données centralisées, les 500 habitants qui sont inscrits dans une base de données n’ont qu’à envoyer un SMS précisant leur itinéraire, grâce à une série de codes attribués pour chaque rue. Immédiatement, les réverbères choisis s’allument pour quinze minutes. Il en coûte le prix d’une communication téléphonique. La municipalité, elle, assume les frais de mise en service. Via la base de données, nous avons remarqué que certaines rues n’étaient plus jamais éclairées car personne n’y passe la nuit. »
Video : Les lampadaires de la commune de Dörentrup – 2009
Pol Jehin