Le Centre Culturel avait invité Mme Pirard (chargée du projet UNESCO à l’administration communale) et M. Houbrechts (chargé d’une recherche sur les villas spadoises) à informer le public sur l’avenir des villas spadoises. Bon nombre de Spadois manifestent en effet leurs inquiétudes quant à la protection de ces villas. L’objectif du centre culturel est de permettre à chacun de les connaître, de disposer de clés pour mieux saisir leurs intérêts, de s’informer sur les moyens administratifs en vue de les protéger, d’envisager leur évolution en préservant leur identité. L’objectif est également de permettre à chacun de s’exprimer, propriétaires, habitants, responsables publics afin de faire en sorte que les caractéristiques de ces villas, éléments importants de la ville thermale soient conservés.
Mme Pirard a tout d’abord présenté la démarche de classement UNESC0 et le périmètre de la ville qui est concerné par cette action. Si les sources et les activités directement liées à l’eau thermale constituent le fondement d’une ville thermale, les activités de loisirs (théâtre, casino, parcs, promenades), de logement (hôtels, villas) font partie intégrante du cadre thermal et du mode de vie (de la culture) des cités thermales.
Spa a donc déposé sa candidature avec 11 autres villes thermales européennes qui possèdent les mêmes caractéristiques.
Dans son exposé, M. Houbrechts a tout d’abord dégagé trois phases dans la construction des villas spadoises. Les premières maisons de plaisance furent construites dès 1855.
La première phase s’étend de 1855 à 1895. Les villas présentent les caractéristiques des constructions du 18e siècle. Ce sont des châteaux avec d’imposants parcs et jardins. On y retrouve deux influences le Moyen Age et le style « troubadour ».
On peut décrire la villa comme ayant un volume principal de forme cubique auquel on va ajouter (en référence au château) une tour ou des tourelles. La brique est souvent utilisée. On retiendra de cette époque la Maison Blanche, le château de Marteau
David Houbrechts considère la deuxième phase de 1895 à 1908 comme l’apogée des villas spadoises. Les architectes augmentent les volumes, les toitures sont très découpées avec des pans de toit imbriqués les uns dans les autres. On augmente le nombre de fenêtres, pour faire entrer la lumière dans la maison. Les architectes ajoutent des vérandas, des parvis imposants. Avec l’influence des cottages, les colombages (factices) font leur apparition, l’utilisation des moellons se développe. Ces villas sont importantes, imposantes. La volonté du propriétaire est sans conteste « d’en mettre plein la vue », même si la maison est d’abord considérée comme le lieu du regroupement familial « être bien au sein de sa famille ». Notons que l’architecte Soubre a construit une trentaine de villas à Spa.
La troisième période qui s’étend jusque 1937, verra le déclin des villas spadoises.
La villa constitue un ensemble comprenant une entrée (un porche, une grille), un parc, des allées courbes, des plantes d’ornementation rares, des fontaines, des serres, petits pavillons et des annexes. Les façades seront ornées de décorations, de détails. Le bois est utilisé pour la charpente, mais aussi pour réaliser des éléments caractéristiques de l’architecture de villégiature comme les lambrequins, les pans de bois, les fermes de charpentes apparentes, les consoles.
L’orateur a également abordé la richesse des aménagements intérieurs des villas qui disposeront des nouvelles commodités en matière d’électricité et de chauffage. Très tôt, également, les propriétaires envisageront des transformations pour rendre les lieux adaptés au confort actuel. Si certaines se réalisent à l’identique, d’autres malheureusement n’auront pas ce bonheur. On constatera également au fil du temps un appauvrissement des éléments décoratifs des façades (élimination des balcons, des décors, des pans de bois).
En fin de réunion, les conférenciers ont interpellé les participants sur l’intérêt qu’ils portent aux villas. Ceux-ci ont unanimement insisté pour que l’on assure la protection des villas car elles permettent de vivre (pour le propriétaire mais aussi pour l’habitant de Spa) dans un cadre urbanistique agréable qui a une influence sur le bien-être de la population. Elles font partie de l’attrait touristique de Spa, de nombreux visiteurs viennent pour admirer les villas spadoises. Dans ce sens, elles font partie de notre histoire et sont les témoins du savoir-faire de nos artisans. L’ensemble des villas spadoises n’a pas d’équivalent en Belgique et elles font partie de l’identité d’une ville thermale.
Des propositions ont été émises pour les protéger : soutenir financièrement les travaux de rénovation (par la Région, la Ville), permettre la rénovation mais en gardant la structure de la villa, le parc, les dépendances (conciergerie) qui font un tout, mettre en place une réglementation qui empêche la démolition des villas, mettre en place des circuits permettant aux visiteurs de découvrir nos villas, y développer l’habitat collectif, la copropriété, favoriser le développement de nouvelles fonctions, encourager les propriétaires à mettre en valeur leur bien.
Cette rencontre aura montré combien les Spadois (65 personnes présentes) sont intéressés et inquiets quant à l’avenir des villas spadoises. Ils attendent des mesures de protection, une réglementation prises par le pouvoir communal pour empêcher leur destruction ou des aménagements qui les dénaturent. Les propriétaires sont confrontés au coût élevé de l’entretien de ces maisons et au manque de subventions de la Région.
Pol Jehin
Pour découvrir les villas spadoises, consultez le site de l’AWAP et l’inventaire du patrimoine culturel immobilier wallon.