Depuis des temps déjà lointains, mais on n’en connaît malheureusement pas l’origine exacte, une bien curieuse et sympathique coutume avait lieu dans notre ville de Spa, à chaque élection communale : celle, lors de la nomination du nouveau bourgmestre, et en honneur à sa nouvelle fonction, d’aller planter devant sa demeure (s’il avait un jardin) un jeune chêne revêtu de nombreuses garnitures (rubans, guirlandes, fleurs en papier, petit drapeaux, etc. … ) A défaut de jardin, cet arbre était porté et dressé devant l’Hôtel de Ville, pendant quelques jours. Dans ce second cas uniquement, on y ajoutait deux autres jeunes chênes plus petits et encadrant celui du mayeur, afin de rendre également hommage aux deux échevins. (Il n’y a pas si longtemps à Spa, il n’y avait que deux échevins).
Cette manifestation était organisée cela va sans dire! – par les partisans de l’heureux élu.
En 1889, lors de la victoire de M. Oscar Lousberg, candidat, paraît-il particulièrement estimé, l’arbre planté face à sa maison, était de dimensions extraordinaires, et décoré d’un nombre incalculable de fleurs multicolores en papier, du plus bel effet.
Vinrent ensuite les tours respectifs du docteur Albert de Damseaux en 1895, de M. Auguste Pelzer en 1904, du Baron Joseph de Crawhez en 1912, puis de M. Armand Deitz en 1933 (qui lui, eut droit à un arbre tout garni de rubans bleus).
Le dernier bourgmestre d’avant la guerre de 1940, M. Joseph Léonard réélu en 1939, bénéficia encore de cette tradition.
Un jeune chêne aussi haut que sa nouvelle propriété sise du côté de la route de la Géronstère avait trouvé place à l’entrée de son jardin et était orné uniquement de petits drapeaux aux trois couleurs nationales (ceci en hommage à son patriotisme, il était combattant et grand invalide de la guerre 14-18).
Puis vinrent la guerre et la libération. Aux élections de 1946, le Docteur Jean Barzin eut la préférence de nos concitoyens, mais à partir de cette date, on ne trouve plus aucune trace de cette sympathique coutume, qui ne fut semble-t-il, plus jamais appliquée et disparut de la vie de notre cité.
C’est toujours dommage une tradition qui se perd, c’est un peu de notre histoire et de notre mémoire qui s’en vont et puis, souvent s’oublient ! Mais puisque la vie est, paraît-il, un éternel recommencement, peut-être ce rappel du passé donnera-t-il à certains amis du vainqueur des prochaines élections l’envie de renouer avec cette tradition ? L’avenir nous le dira peut-être !
M. Caro-Harion.