Le Sapin de Noël

sapin1Noël ne serait pas Noël sans le sapin. Dans notre région, la vente des sapins de Noël constitue une activité économique d’une certaine importance. Cependant, pour la grande majorité des personnes, elle n’est qu’une activité secondaire qui permet d’obtenir des revenus complémentaires.
M. Léon Gillet de Theux, rue Croix Colette, se range dans cette catégorie d’arboriculteurs. Il a aimablement répondu à nos questions et nous espérons ainsi vous permettre de mieux connaître cette activité de notre région.

Des sapins de Noël de 10 ans…

Les sapins vendus aux particuliers sont en grande majorité des épicéas âgés de 10 ans. Après avoir été semées, les graines ont donné naissance à de petits sapins qui sont transplantés après deux ans ( ils ont de 12 à 20 cm). Ils se développent alors encore durant deux ans en pépinière. C’est donc à l’âge de 4 ans qu’ils sont placés définitivement en prairie ou en forêt. C’est 6 ans plus tard (donc 10 ans à partir du semis) que le sapin sera coupé et deviendra sapin de Noël. En général, il a une taille d’1,5 à 2 mètres.

Quelques informations sur la culture

Un sapin de Noël doit être bien vert, ne pas perdre trop rapidement ses aiguilles et être touffu. Les branches du bas doivent garder leurs aiguilles intactes. Pour atteindre cette qualité, il est nécessaire de « veiller » sur le jeune sapin. Il faut empêcher que les herbes ralentissent la croissance de l’arbre. Pour ce faire, on utilise des produits chimiques, des herbicides sélectifs ou une puissante tondeuse dont l’action protège ainsi les sapins de la concurrence des herbes. Cette opération est bien entendu plus facilement réalisable en prairie qu’en forêt.
Les sapins sont plantés à un mètre de distance (1,20 m pour plus d’efficacité). Il est cependant nécessaire de procéder à des éclaircies après cinq ans afin d’éviter que les branches se touchent et jaunissent. On compte en général 10.000 sapins à l’hectare.

Le commerce des sapins de Noël

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Le commerce des sapins de Noël s’est fortement développé ces dernières années. L’activité agricole se réduisant, les propriétaires de terrains agricoles ont préféré ne plus louer leurs terres aux éleveurs (car les contraintes sont importantes dans les bails à ferme); ils ont dès lors planté des sapins de Noël sur ces terrains. Dans le plus grand nombre de cas, ce ne sont pas des agriculteurs qui se reconvertissent à l’arboriculture. La plantation de sapins dans d’anciennes prairies est soumise à l’autorisation des services de l’urbanisme.
On constate cependant un net ralentissement actuellement, l’offre de sapins étant très abondante. Pour ma part, dit M. Gillet, je ne vends plus pour l’exportation. Il a donc fallu me reconvertir, investir dans du matériel, organiser moi-même la commercialisation. Je vends mes sapins à des fleuristes et des jardiniers de Belgique. Je touche peu de marchands en Flandre. Le marché est donc en régression, il est donc important pour l’arboriculteur local de s’adapter, de ne pas se décourager.



On coupe dès le mois de novembre
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Nous coupons les sapins le plus tard possible, mais nous venons cette année de commencer le travail vers le 20 novembre. Le client étant de plus en plus exigeant, il faut essayer de répondre à sa demande. En effet, on constate que la taille des sapins augmente. Elle approche actuellement les deux mètres. Les femmes, chargées en général des tâches ménagères de nettoyage, souhaitent acheter un sapin qui ne perd pas ses aiguilles. C’est pourquoi certaines personnes ont pris l’habitude d’acheter un sapin avec ses racines et une motte de terre. Ce sapin conservera ainsi ses aiguilles assez longtemps. Si vous souhaitez le replanter dans le jardin, il ne faut pas s’attendre à des miracles. En effet, le sapin risque de ne pas résister au changement de milieu, si après lui avoir fait subir un séjour de trois semaines dans le salon à une température de 20°, vous le plantez ensuite dans le jardin, où il gèle à moins 5 degrés.
La mode des sapins en motte prend de l’ampleur, puisque M. Gillet en vend 50 % sous cette forme. Il nous signale également que l’habitude de décorer le sapin à l’extérieur, dans le jardin, se développe. Les personnes désirent dans ce cas des épicéas plus grands (3 mètres en moyenne). Au point de vue commercial, le sapin en motte n’est pas plus rentable. Il s’agit simplement d’une obligation du vendeur pour conserver la clientèle et répondre à ses attentes.
Dans ce souci d’obtenir un sapin vert, qui se conserve et dont les aiguilles ne tombent pas rapidement sur le sol, des producteurs proposent d’autres espèces de coniferes: le Nordmann, l’épicéa de Serbie. Il s’agit de sapins dont les aiguilles sont plus bleutées. Le sapin de Noël synthétique ne constitue pas une véritable concurrence car son prix est cher (4000 F), si l’on désire la qualité.

Adieu la tronçonneuse !

Dans son entreprise, M. Gillet utilise une débroussailleuse munie d’un disque adapté qui coupe les troncs des arbres. Les sapins sont alors emballés dans un filet de plastique. Cette présentation est intéressante car elle permet de gagner de la place. Cependant l’acheteur doit faire confiance au vendeur car il n’est pas en mesure de vérifier la qualité de la marchandise.

La Belgique premier pays exportateur de sapins de Noël

Selon l’Union Ardennaise des Pépiniéristes (UAP), les pépiniéristes ardennais sont devenus d’importants fournisseurs d’arbres de Noël, aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’exportation. La production en Ardenne constitue certainement l’activité horticole du secteur des produits horticoles non comestibles la plus significative de Wallonie. On peut estimer que 5 millions d’arbres de Noël sont produits chaque année, ce qui représente 5.000 ha de culture. 80 % de cette production sont exportés dans tous les coins de l’Europe. Ce chiffre place la Belgique au premier rang des exportateurs de sapins de Noël. Les premières pépinières professionnelles d’arbres de Noël sont créées dans les années 1930.
 » A première vue saisonnière, la culture du sapin de Noël occupe l’horticulteur toute l’année. Les plantations se font au printemps et en automne; en été, les arbres sont taillés pour qu’ils prennent la forme conique souhaitée; en automne, les arbres sélectionnés en vue de la vente sont identifiés par un marquage (étiquettes, bagues colorées). L’entretien des parcelles se fait toute l’année. Bien évidemment, la saison bat son plein d’octobre à la mi-décembre. On commence par préparer les arbres qui seront vendus en pots et les arbres avec motte. Ensuite commencent les coupes pour l’exportation. Les arbres destinés au marché belge seront coupés et livrés début décembre.

De nouvelles variétés

Quand on parle de sapins de Noël, on pense automatiquement à l’épicéa commun (Picea Abies). Il est encore le plus vendu chez nous, mais d’autres variétés sont commercialisées. L’épicéa commun, comme arbre coupé a deux points faibles : il perd rapidement ses aiguilles et sa production n’est pas homogène car il existe une grande diversité génétique entre les sujets. Afin de lutter contre ces inconvénients, on présente de plus en plus de sapins en motte et les arboriculteurs utilisent une nouvelle méthode de production de jeunes plants, qui permet d’engendrer des arbres qui sont tous identiques. Des arbres parfaits sont identifiés et constituent les arbres  » mères « . Ces arbres sont alors multipliés par voie végétative (fractionnement par bouturage). Des branchettes prélevées sur l’arbre mère sont bouturées afin de leur faire développer des racines. Les arbres issus de ces boutures provenant d’un même pied mère donneront des arbres identiques au pied mère et constituent ensemble ce que l’on appelle un  » clone « .

  • L’épicéa commun Picea excelsa Link
    C’est le sapin de Noël classique qu’on vend depuis toujours pour la Noël depuis 1930. Si, en Belgique, il représente toujours une bonne partie des ventes, dans d’autres pays comme l’Angleterre, il est souvent remplacé par des variétés plus nobles. Par rapport aux espèces plus nobles, son atout est son prix. C’est le meilleur marché de tous les sapins. Actuellement, son prix est très bas.
  • L’épicéa de Serbie Picea Omorica Panc
    L’épicéa de Serbie se caractérise par sa couleur argentée. Elle est due à la coloration blanche des faces inférieures des aiguilles. Le port de l’arbre est plus élancé que celui de l’épicéa commun. Il est toujours vendu avec sa motte et reprend très bien au jardin après les fêtes, s’il a été bien traité durant son séjour dans la maison. Il n’est pas beaucoup plus cher que l’épicéa commun.
  • Le Nordmann ou sapin du Caucase Abies Nordmanniana
    Le sapin du Caucase se caractérise par ses aiguilles très foncées et très brillantes face supérieure et glauques face inférieure. Elles sont plus grandes que celles des autres sapins de Noël. Il est qualifié de  » Rolls Royce  » des sapins de Noël par les Anglais qui apprécient sa forme parfaitement pyramidale, son feuillage dense et très brillant, sa couleur foncée, et ses aiguilles qui ne tombent pas, même sur les arbres sans racines. Son défaut : il est difficile à produire, est très sensible aux gels printaniers et pousse plus lentement (12 ans). C’est un arbre de luxe qui est actuellement relativement coûteux.
  • Le sapin noble Abies nobilis Linde
    Le sapin noble est remarquable par la densité et la couleur bleutée de son feuillage. Il dégage un agréable parfum balsamique, ce qui renforce l’ambiance de Noël. Il ne perd pas ses aiguilles. Il ne se prête pas bien à la vente en motte. Ses branches sont fort utilisées pour les décorations de Noël, les couronnes , les montages.

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Pourquoi garnir un sapin à Noël?

Nous avons eu l’occasion de rappeler en avant-propos que Noël est la fête de l’espérance. Dans les ténèbres de la nuit du solstice d’hiver, il est nécessaire de faire appel à des rites et des symboles qui vont permettre à la vie et à la lumière de battre la mort et l’obscurité. L’arbre est l’un de ces puissants symboles de la vie. Il relie l’homme attaché à la terre (racines) au ciel (spiritualité). C’est pour cette raison que dans nos régions, aux saisons bien marquées, les hommes ont pris l’habitude de placer un arbre à la Noël pour lutter contre la nuit.
Cet arbre qui n’était pas un sapin au départ était garni de fruits tels que les pommes, les noix, noisettes (les oranges plus tard). Ces fruits qui se conservent en hiver sont également des symboles de vie et constituaient dans une société pauvre comme la nôtre, avant le XXième siècle, une ressource alimentaire appréciable. Le sapin, comme le houx, prendra la succession des feuillus car il garde ses épines bien vertes en hiver.
Il se présente tout naturellement comme un symbole d’éternité. Les fruits seront remplacés progressivement par des boules de Noël, plus lumineuses. Les cadeaux seront alors posés au pied de l’arbre. Il sera ensuite garni de bougies qui illumineront la nuit, avant de faire place aux guirlandes électriques. La bûche de Noël que l’on fait flamber dans l’âtre s’inscrit dans la même symbolique. Les âtres ayant disparu, la bûche apparaît maintenant sur la table où les convives la dévorent pour s’en approprier les vertus. Il me reste à vous dire … Joyeux Noël !

Pol Jehin


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