Par patrimoine, nous entendons le bien commun de l’humanité transmis de génération en génération jusqu’à nous, hommes et femmes du 21e siècle. Nous pouvons cependant déplorer la détérioration du patrimoine que représentent les arbres un peu partout dans le monde. Ne devrions-nous pas, au contraire, montrer qu’ils ont été les piliers de la civilisation tant matériellement que symboliquement. Et plutôt que de les renier, suivons l’exemple qu’ils nous donnent : extraordinairement anciens pour certains, silencieux et dignes mais aussi pleins d’avenir, utiles et autonomes, non violents, les arbres demeurent des exemples pour l’être humain. Mieux nous défendrons l’idée que l’arbre, cet être végétal, dont nous ne découvrons les propriétés remarquables que depuis peu, mérite de revenir au centre des politiques publiques.
Qu’on les nomme arbres de mémoire, vétérans, remarquables, vénérables, ces arbres exceptionnels par leur âge, leurs dimensions ou leur histoire, constituent, au même titre que monuments ou vestiges archéologiques, un patrimoine à part entière, qui plus est, vivant. Aujourd’hui et plus que jamais, il nous faut retisser ce lien qui unit l’homme à l’arbre.
Terre de conquêtes, carrefour de cultures, vivier de traditions, notre région a eu le privilège de compter sur son territoire de nombreux arbres, témoins symboliques d’un riche passé. Une prise conscience s’est développée en vue d’une meilleure reconnaissance du patrimoine arboré. En effet, un recensement des arbres remarquables dans toutes les communes de Wallonie, assorti d’un dispositif réglementaire a été mené à bien. Quelques trente mille arbres et haies figurent dans cet inventaire qu’il importera d’actualiser.
Dans notre commune de SPA, des centaines d’arbres nous accueillent, dès la belle saison, sous leur frondaison rafraîchissante et apaisante. Mon propos n’est pas de vous les décrire tous. Voici deux petits exemples faciles à repérer.
L’entrée du Musée de la Ville d’Eaux est défendue par un superbe tilleul argenté qui déploie, cette année, sa ramure et son houppier particulièrement abondants. Le tilleul argenté a été introduit en dans nos pays d’Europe en 1767. C’est un arbre robuste, à la couronne ovale, qui se déploie en dôme chez les vieux spécimens. Chez nous, il supporte un ensoleillement moyen et l’humidité de nos hivers. L’envers de ses feuilles est argenté, ses fleurs dégagent un parfum délicieux. Il est très apprécié comme arbre d’ornement à cause de la forme élégante de sa couronne. Comme il supporte bien la sécheresse et l’air pollué, on l’utilise comme arbre d’alignement (voyez l’avenue Reine Astrid, la route du Tonnelet, etc)
Cependant il en est un, particulièrement somptueux, qui se trouve place Achille Salée. Il occupe une place de choix dans le parking et côtoie son voisin l’amélanchier à qui il fait de l’ombre. C’est un « sophora » du Japon. En ce moment, il est en pleine gloire et recouvre le parking et les voitures d’un tapis jaune du plus bel effet. Cette merveille est originaire de Chine, où il pousse à l’état sauvage. On le nomme « japonica » car il a été introduit en Europe via le Japon. Le Sophora reste indifférent à l’humidité et à la qualité de sol. Il se contente d’un ensoleillement moyen et supporte même l’atmosphère polluée et sèche de nos villes. Lorsqu’il est associé aux autres arbres, le sophora développe un tronc droit avec un houppier placé haut. Ses fleurs sont très appréciées par les apiculteurs car elles s’épanouissent au moment où la floraison des autres plantes s’achève. Hâtez-vous d’aller l’admirer car sa floraison est unique et éphémère. Merci aux services de plantations de notre ville pour cette heureuse idée de planter ce sophora dans notre petit parking.
A bientôt pour d’autres découvertes. Notre région ne manque pas d’arbres remarquables.
Monique PONCELET