Cinq châteaux, à savoir, Le Vieux-Nivezé, Nivezé Farm, La Fraineuse, Le Neubois et Le Haut-Neubois occupèrent, au début du 20e siècle, un territoire d’environ 100 hectares situé principalement dans une zone délimitée à l’est par le ruisseau du Soyeureux, à l’ouest par le ruisseau d’Orléans, au nord par le Wayai et au sud par l’aérodrome de Spa la Sauvenière (anciennement l’hippodrome).
Cette propriété, appelée le « Domaine de Nivezé », avait été constituée par l’industriel verviétois, Edmond Joseph Adolphe Simonis, entre la moitié du 19e siècle et le 6 novembre 1875, date de son décès. Vingt-neuf hectares provenaient de l’achat de l’ancienne propriété de l’Hôtel des bains du Tonnelet au comte de Rottermund et le reste venait d’achats de parcelles à des fermiers de Nivezé.
Sans descendance, suite à son testament, ses neveux héritèrent de ses biens et sa veuve, Félicie de Thier, en conserva l’usufruit. Après le décès de leur tante, les trois frères Simonis vendirent, en 1896, le « Domaine de Nivezé » à quatre frères Peltzer (Auguste, Georges, René, Paul) et à leur cousin (Edouard).
Le Vieux-Nivezé
Demeure de style rustique, bâtie pour Adolphe Simonis sur l’emplacement des anciens bains du Tonnelet construits en 1773 et tenus par le pharmacien Briard.
En septembre 1896, Messieurs Georges et René Peltzer achètent pour 50.000 francs-or l’ancienne résidence d’Adolphe Simonis avec 6ha 50.
Très vite, Georges Peltzer de Rossius en deviendra le seul propriétaire tandis ue René Peltzer-de Rasse constituera la propriété du Haut-Neubois.
En 1900, il fait démolir puis reconstruire, par l’architecte Auguste-Charles Vivroux, sa résidence du Vieux-Nivezé dans le style anglais romantique, sous les frondaisons, dans un parc avec étangs. Georges Peltzer était le président des Mutualités Neutres et le fondateur de la « Clinique Peltzer » de Verviers.
Pendant la 1ère Guerre mondiale, en septembre 1914, un dispensaire de la Croix Rouge a été installé dans la villa et en 1918 elle a été occupée par les aides de camp du Kaiser. En 1938, Gaston Peltzer-de Menten de Horne, fils de Georges Peltzer, hérita du château et en resta propriétaire jusqu’en 1969.
Durant la 2e Guerre, le domaine a été occupé par des troupes allemandes en 1940 et par des soldats américains en janvier 1945.
Dans les années 50-60, il est loué à Madame Clément-Nicolaï de Gorhez qui y exploita un hôtel sous l’enseigne « Le Vieux-Nivezé ».
En 1969, la propriété est vendue aux Mutualités Chrétiennes qui firent démolir l’année suivante le vieux manoir nivezétois pour construire en 1973 le bâtiment actuel, centre de convalescence et de vacances.
Le Nivezé Farm
Le Nivezé Farm ou « la ferme modèle » fut construit en 1858 par l’architecte Adolphe Thirion pour Adolphe Simonis. Ce vaste bâtiment de style Tudor comprenait tous les perfectionnements de l’époque en matière agronomique. En 1896, Paul Peltzer-Hauzeur achète, pour 94.000 francs-or, le Nivezé Farm avec 10 hectares de terrain ainsi que les 45 hectares de la « Fagne à la Grosse Pierre » situés sur la commune de Sart. Trois ans plus tard, il fait réaliser d’importantes transformations de façon à rendre le bâtiment plus résidentiel et il le dénomme le Grand Nivezé. Pendant la 1ère Guerre, le manoir a été occupé par le Général Schmidt fin juin 1916 et par des bureaux du Grand Quartier Général allemand ainsi que par le mess impérial de Guillaume II en 1918.
Pendant la Commission interalliée d’Armistice, certains membres de la mission française furent installés au manoir. En juillet 1920, pendant la Conférence diplomatique de Spa, il servit de résidence aux ministres belges. En 1921, André Peltzer-de Nef, fils de Paul Peltzer, hérita de la propriété. En janvier 1945, une compagnie de l’armée américaine occupa le château. André Peltzer vendit la propriété au chevalier Jacques Huyttens de Terbecq en 1954. Les ailes nord et ouest du château furent ensuite vendues partie par partie. En 1974, René Bastin racheta l’aile sud pour y installer le « CERAN ». Le développement de ce centre d’études de langues étrangères et de rencontres nécessita le regroupement de ses activités au Haut-Neubois. Depuis 2006, l’aile sud est occupée par un centre d’hébergement pour personnes handicapées.
La Fraineuse
En 1896, Auguste Peltzer-Graux achète pour 60.000 francs-or 18 hectares de parcelles pour former le domaine de la Fraineuse. Il y fait construire, par l’architecte Charles Soubre, fin du 19e début du 20e siècle, un magnifique château de style Louis XVI.
Auguste Peltzer fut bourgmestre de Spa de 1904 à 1912. La princesse Clémentine, fille de Léoplod II, fut reçue plusieurs fois dans cette belle demeure. C’est également à la Fraineuse qu’en 1918 Guillaume II commença (le 12 mars 1918) et termina son séjour à Nivezé (le 8 novembre 1918).
Pendant la Commission interalliée d’Armistice de 1918-1919, la mission belge commandée par le général Delobbe occupa le château. C’est aussi à la Fraineuse que les séances de la Conférence diplomatique de Spa de 1920 eurent lieu.
En juillet 1929, Auguste Peltzer légua la propriété à son fils Pierre. A la fin de la 2e Guerre, des soldats américains y furent hébergés. Pierre Peltzer-Zurstrassen garda le domaine jusqu’au 24 janvier 1948, date à laquelle il le vendit à la Ville de Spa. Cette dernière eut beaucoup de projets pour le domaine, mais faute de moyens, elle dut y renoncer. Elle y organisa néanmoins des manifestations sportives parmi lesquelles des motocross. Vers 1960, un camping, situé près de l’ancienne ferme du domaine, y fut exploité. En décembre 1967, la ville revendit le domaine à l’Etat belge qui désirait y installer un centre sportif, l’actuel « A.D.E.P.S. ». Depuis 1992, le château est partiellement classé.
Le Neubois
Sur les 14 hectares achetés 46.000 francs-or, en 1896, pour former le domaine du Neubois, Edouard Peltzer-de Clermont fit construire, en 1902, par l’architecte Charles Soubre, une grande villa de style anglo-normand. L’empereur d’Allemagne, Guillaume II, y séjourna plusieurs mois à partir du 23 avril 1918. Un abri y fut même construit pour protéger le monarque contre d’éventuelles attaques aériennes. Pendant les Commissions interalliées d’Armistice de 1918-1919, le château fut occupé par certains membres de la mission française dont le général Nudant. En 1920, ce fut encore la délégation française emmenée cette fois par le maréchal Foch qui occupa les lieux. Dans l’Entre-deux-Guerres, l’abri pouvait être visité au profit des mutilés et invalides de guerre de l’arrondissement de Verviers.
Le général américain Bradley y aurait séjourné en automne 1944 alors qu’il était en visite dans notre ville d’eau. La propriété resta dans la famille d’Edouard Peltzer jusqu’en 1957, date à laquelle son héritière, Adrienne Osterrieth-Peltzer, la vendit aux « Foyers de Charité ». Cette communauté religieuse laïque, reconnue par Rome, est née en France en 1936. Elle organise principalement des retraites spirituelles.
Le Haut-Neubois
Le domaine du Haut-Neubois est le seul qui n’a pas été directement acheté aux Simonis. En 1901, René Peltzer-de Rasse rachète à son frère Paul, propriétaire du Nivezé Farm, 45 hectares situés sur la commune de Sart que celui-ci avaient achetés en 1896. L’année suivante, René Peltzer échange à l’Etat les 45 hectares contre une partie de la forêt comprise entre la source de la Sauvenière et le village de Nivezé, puis échange en 1903 à la Ville de Spa 7 hectares de fagne contre un bois intitulé le « Neubois communal ».
C’est sur une immense propriété de 68 hectares qu’en 1908, il fait construire lui aussi, par l’architecte Soubre, un château de style anglo-normand. En 1918, le manoir est également réquisitionné. Il sert « d’Hôtel » pour les hôtes de marque du kaiser (l’empereur d’Autriche, le roi de Bulgarie, …). En 1920, pendant la Conférence diplomatique de Spa, il est occupé par une partie de la délégation française. En octobre 1944, un détachement américain occupe la propriété.
En 1947, à la mort de René Peltzer, ses trois filles héritent du domaine. Elles le conservent jusqu’en 1955, année où la propriété est morcelée et vendue par lots. Le château et environ 8 hectares sont achetés par « Les Petits Sapins », l’association de l’abbé Froidure, pour y accueillir des jeunes en difficulté.
En 1984, le CERAN, qui est en pleine expansion, achète le manoir et depuis 2005, il y a regroupé toutes ses activités nivezétoises.
Jean Lecampinaire
Sources :
Le patrimoine de Spa (V. Krins – I.P.W. – 2009)
Architecture thermale : Les résidences et villas de Spa (L. Pironet – H.A.S. – 1980 et 1981)
Les villas et châteaux Peltzer de Nivezé (J. Toussaint – H.A.S. – 2008)
Merci pour cet article sur les anciennes propriétés de notre famille que nous sommes récemment revenus visiter.
Je serais très intéressé que vous me communiquiez d’autres informations sur notre famille que vous auriez trouvées.
D’avance merci,
Daniel Peltzer
Ma grand mère, Antoinette Pelzer, fille d’Auguste Pelzer y habitait.
Auguste Pelzer époux d’Hélène Graux étaient les propriétaire du chateaux. Ils n’ont pas eu de descendant garçon ainsi le nom Pelzer s’est eteint pour cette branche de la famille. Le père d’Auguste s’appelait également Auguste Pelzer (né à Verviers le 18.8.1831 Décédé à Verviers le 20.3.1893) et marié avec Lucie Bacot qui est probablement notre ancêtre commun.
Une tante (Bertha Poppe °Lokeren 31-12-1885 + Spa 20-03-1956) de mon père (André Van Slycken ° Daknam 29-03-1*23 + Gent 29-11-2019) etait servante dans le Château « La Fraineuse » de la famille Peltzer. Elle est arrivé la, comme jeune fille. Après un certain temps elle tombé amoureux avec le jardinier du château : Charles Huls.
Ils se sont mariés et ils ont donnés la vie aux trois enfants. Edgard (1919-1996), x Yvonne Ernes (1921-2010), Lisette (1921-2013) x René Pottier (1920-1978) et Georges (1923-1943). Leurs fils Georges était un combattant de la résistance. Il a eté capturé par les Allemands en fevriér 1943.
La resistance ont caché des armes dans le château. Georges était ,à l’age de 20 ans, lâchement fusillé par les allemands dans la citadelle de Liège le 5 mai 1943. Je possède son dernier lettre a ses parents quelqeus heures devant sa mort.