Les pompiers des villages spadois

Carte postale : 1900 : l’Hôtel de ville de Spa

Carte postale : 1900 : l’Hôtel de ville de Spa

Fin du 19e siècle, malgré la loi parue vers 1860 interdisant la pose de toitures en chaume, la crainte des incendies reste fortement présente dans les villages spadois (Creppe, Winamplanche et Nivezé).

Il faut se rappeler que les matériaux de construction de l’époque font souvent la part belle au feu et des incendies se sont fréquemment déclarés, surtout au village de Creppe : en 1809, 1833, 1849, 1853, 1857 (27 maisons, l’église et l’école) et 1863. A Winamplanche également, de nombreuses maisons furent détruites par le feu au cours du 19e siècle. A Nivezé en 1777 cinq maisons sont détruites, des incendies ont lieu également en 1860 et 1861.

En 1884, la municipalité spadoise décide de réorganiser son service incendie car elle est consciente de l’impossibilité pour le Corps des pompiers établi à l’Entrepôt (important bâtiment construit vers le milieu de la seconde moitié du 18e siècle – initialement logement pour les soldats du Prince Evêque de Liège – puis, Hôtel des bains de 1827 jusqu’en 1841 -ensuite, Hôtel de ville de 1842 jusqu’en 1941 – démoli en 1968), d’intervenir dans les villages de la commune dans des délais raisonnables.

Carte postale : 1900 : L’Ecole moyenne de Spa

Carte postale : 1900 : L’Ecole moyenne de Spa

A cette époque, le village de Creppe est équipé de quatre bouches à eau (longs cols-de-cygnes) alimentées par la distribution d’eau de la localité et il dispose d’une pompe à bras mobile manœuvrée par trois pompiers. Le matériel est entreposé dans une remise située près de l’école. Le village de Winamplanche dispose d’une excellente pompe remisée dans le local communal (où se situait-il ?), d’eau à volonté et de trois pompiers. Le village de Nivezé et le hameau de Préfayhai n’ont pas encore de service organisé.

Une pompe foulante venant du Vieux-Spa, remisée depuis quelques années dans l’arsenal spadois, sera entreposée dès 1888 dans les dépendances de la source du Tonnelet.

Le rapport communal de 1890 indique que les villages de Creppe, Winamplanche et Nivezé continuent à être pourvus chacun d’une pompe placée sous la responsabilité d’un brigadier-agent de police aidé de trois pompiers et que le matériel est en bon état et bien entretenu.

En 1908, l’arsenal spadois est transféré dans l’ancienne Ecole moyenne (architecture liégeoise du 18e siècle, plans dessinés par Digneffe – à l’origine Grand Hôtel de Spa construit de 1768 à 1776 pour Lambert Xhrouet, un des propriétaires de la Redoute – acquis en 1809 par William Cockerill père – par la suite, Ecole industrielle et commerciale devenue très rapidement Ecole moyenne de 1850 à 1907 – Ecole de musique et Arsenal des pompiers à partir de 1908 – restauré dès 1925, il abrite depuis 1941 l’Hôtel de ville et les services communaux).

En 1909, « l’arsenal » du Tonnelet à Nivezé tombe en ruine, la Commune recherche un nouvel endroit pour entreposer le matériel.

En 1913, à Winamplanche, le hangar communal, où est entreposé le matériel d’incendie, est modernisé et reçoit une nouvelle toiture. La même année, à Nivezé, faute d’avoir trouvé un nouvel entrepôt, le matériel est remisé chez le pompier Jean Blaise qui habite Chemin du Cu du Pré (actuellement Avenue Jean-Baptiste Romain, plus précisément au restaurant « Aux Campinaires »).

Voici le nom des pompiers des trois villages spadois en 1914 :
Creppe : Arthur Briscot, Joseph Hurlet, Mathieu Hurlet, Jean Muller
Winamplanche : Jean Adam, Henri-Gilles Job, Edouard Sody
Nivezé : Jean Blaise, Alfred Jérôme, Henri Michel, Julien Sart

1914 : la 2e section des pompiers spadois en manœuvre avec une pompe à bras dans la cour de l’arsenal communal situé dans l’ancienne Ecole moyenne devenue Hôtel de Ville en 1941 (collection Claudine Spailier)

A partir de 1927, la surveillance, la gestion du matériel et la direction des pompiers de Creppe et de Winamplanche sont confiées au garde-champêtre Jean Gilles, caporal pompier. Il doit faire manœuvre une fois par mois dans chaque village. A Creppe, le matériel est entreposé chez le pompier Jean Muller car le local près de l’école n’est plus en bon état. A Winamplanche, il est toujours remisé dans le local communal. A Nivezé, c’est le caporal pompier Jean Blaise, chez qui se trouve toujours le matériel, qui est chargé de la même mission.

Le rapport communal de 1938 signale que les pompiers Briscot et Muller du « poste » de Creppe, atteints par la limite d’âge sont démissionnés honorablement et ont reçu la médaille prévue par l’arrêté royal du 21 juillet 1902.

Par la suite, les rapports communaux ne mentionnent plus les arsenaux villageois, la motorisation du matériel aura certainement rendu leur maintien inutile !

Pierre Gendarme et James Lohest dans leur publication sur le village de Creppe, parue en 1989, signale néanmoins que l’arsenal creppelain aurait été abandonné au début des années 1950 et démoli en 1974. Pour les deux autres villages, je n’ai pas trouvé leur date de fin d’activité.

Jean Lecampinaire

Sources :
L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau (Camille Massart – 1988)
Creppe sur la voie du temps passé (Pierre Gendarme et James Lohest – 1989)
La petite histoire du village de Nivezé (André Hans – 2011)
Rapports communaux de 1883 à 1940 (Fonds Body)


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