Les trois villages spadois (Creppe, Winamplanche et Nivezé) ont eu et pour certains ont toujours une troupe de théâtre wallon qui joue une ou plusieurs fois l’année. Ces troupes sont en général composées principalement d’acteurs locaux.
A Creppe, la troupe de « l’Amicale du Plateau » joue une fois l’année en automne dans la salle du village ; jadis, elle jouait également au printemps. Il y a quelques années, la troupe se produisait parfois sur d’autres scènes, en dehors du village. De nos jours, elle est dirigée par Ginette Dohogne-Cordonnier ; auparavant, ce fut Constant Collard, qui lui-même, avait succédé à Louis Laumans.
Après la 2e Guerre, avant le rachat en 1959 de l’ancienne salle Briscot par la Société l’Amicale du Plateau, c’était dans une guinguette dressée sur la place du village, en face de l’épicerie de Victor Pottier, que les représentations avaient lieu.
Les samedi 7 et dimanche 8 novembre prochains, dans la salle de l’Amicale du Plateau, la troupe creppelaine interprétera « Les grands gamins » de Jean Thoune. Quelques titres de pièces jouées précédemment : Ele est Nèyèe, Garde à vous, Mazouket, Lu parin d’Amérique, Li nèque d’a babette, Champion de boxe, …
Au fil des années, de nombreux acteurs et actrices ont foulé les planches de la scène creppelaine : Mimie Brédo, Murielle Delvaux, Marcelle Dohogne, Francine Dujardin, Mimie Legrand, Simone Legrand, Marguerite Pottier, Monique Ramet, Murielle Troupin, Jean Boniver, Marcel Boniver, Jean-Pol Brasseur, Paul Compère, Marcel Dubois, Daniel Dujardin, Pierre Gendarme, C. Godefroid, Albert Legrand, René Mathy, Simon Paulis, R. Pottier, Pierre Pottier, Paul Randaxhe, René Remacle, Roland Rossinfosse, André Sluse, Guy Wagener, Jules Wuidart, Alphonse Xhrouet, … Les souffleurs étaient : Joseph Ansay, Kiki Moureau.
De nos jours, on peut citer comme comédiens et comédiennes : Ginette Dohogne, Marie-Claire Fassin, Pol Mersch, Francis Wyaime, Christiane Mele, Jean Blanchy, Didier Servais, Nancy Demaret, Marie Mélotte.
A Winamplanche, la troupe de la « Société Sainte Cécile » a joué dans la salle de Modeste Marin, située à deux pas de l’église dédiée à Saint André, jusqu’à l’aube de la Seconde Guerre. Plus tard, les représentations ont eu lieu dans la salle Lambertz établie au centre de la localité ; des pièces ont été jouées jusqu’au début des années septante. Parmi les comédiens et comédiennes, on peut citer : Madeleine Bodson, Eva Chalsèche, Maria Compère, Louise Goffin, Sylvie Ledoyen, Blanche Palla, Roger Chalsèche, Edmond Compère, Fernand Compère, Marcel Gernay, Raymond Goffin, Joseph Herman, René Lambertz, Georges Ledoyen, Roland Ledoyen, … Le régisseur s’appelait Guillaume Lupien.
A Nivezé, depuis 2004, le village a renoué avec la tradition du théâtre wallon. Une fois l’année, dans la salle l’Aurore, dans le cadre de la kermesse qui se déroule traditionnellement le 3e week-end d’octobre, une pièce de théâtre wallon est jouée par la troupe « Les D’joyeux Campinaires ». Les acteurs et actrices, âgés de 20 à 30 ans, sont presque tous Nivezétois. Parmi ceux-ci on peut citer : Victorine Delvoye, Cécile Houssa, Justine Jetteur, Catherine Maréchal, Alice Marnette, Céline Peters, Cédric Herman, Dimitri Houssa, Grégory Houssa, Richard Kerger, Thomas Peters, Marcel Schaus, Thibaut Schmitz, …
Le chef, c’est Jean Jérôme, à la fois régisseur, superviseur, metteur en scène et souffleur. A la naissance de la troupe, il était épaulé par Jacqueline Maréchal-Rood, Nivezétoise depuis plus de trente ans et sociétaire de la troupe de Surister. Le 17 octobre dernier, la formation présentait « 22 Vola m’feume », comédie comique de Christian Deryke. Les années précédentes, elle avait joué : Panaicou !, Li Mèdaye d’ôr, L’Est-i ou N’l’Est-i nin, Estans-gn’ Mariés ?, Po m’fé plesir, Li mohone da Batisse, Mi Mame c’est lu, Ernesse na nole tchance, On dit qui les Manèdjes ni vont pu, Li volîre âs aguèces, Mi Feume est supporter.
Avant eux, fin des années 80 et début des années 90, une autre troupe nivezétoise, dénommée « Li kipagnèye da bacchus » a agrémenté les soirées villageoises. Les représentations avaient lieu dans la salle l’Aurore. Le répétiteur s’appelait Lucien Lamby. Parmi les acteurs : Jacqueline Maréchal, Chantal Pottier, Jean-Pol Brasseur, Jean-Marie Jérôme, Jean-Henri Michel, José Maréchal, Yves Remacle, Bernard Veisenberger…
Mais, bien avant, il y avait eu à Nivezé une autre troupe de théâtre wallon qui s’appelait « L’Aurore ». Voici comment cette troupe avait vu le jour : Au début du 20e siècle, Nivezé est un village relativement « libéral ». Aussi, quand en 1927 le nouveau curé de la paroisse, l’abbé Lysens (curé de 1926 à 1928), crée un cercle catholique, le village se scinde en deux clans : les catholiques et les libéraux. Nivezé, village réputé calme, devient alors le lieu de déchirements familiaux et de luttes intestines.
C’est l’instituteur du village, Henri Tefnin, qui, pour calmer les ardeurs belliqueuses, réunit les meneurs des deux clans et les incite à créer une troupe de théâtre wallon. L’idée séduit les anciens adversaires et c’est ainsi que vit le jour, en 1928, la société d’agrément « L’Aurore ».
Parmi les acteurs et actrices de cette troupe, on peut citer : Josette Counet, Angèle Delvoye, Clara Dumenil, Germaine Gernay, Denise Jérôme, Simone Paquay, Yvonne Pironet, Ghislaine Sody, Marie-Rose Wilkin, André Arnold, Pierrot Bertholet, André Depouhon, Jules Gerlaxhe, Ivan Gernay, Marcel Helman, Michel Huberty, Jean Jérôme, Paul Jérôme, Emile Maréchal, Arthur Michel, Léon Paquay, Emile Pironet, Léon Wilkin, Vincent Wuidart, …
Chaque année, deux à trois pièces étaient jouées dans la salle du village pendant la période allant de novembre à mars. Parmi celles-ci, on se rappelle de : Fréderic, Lula, Champion de boxe, Mi feume est conseiller, La potale des bois, …
Au début des années soixante, Henri Tefnin, le fondateur de la troupe, cède le témoin à Louis Belche, un Campinaire haut en couleur ; mais, ce dernier n’a pas « la poigne » nécessaire et les activités théâtrales cessent en 1964.
Au hameau de Marteau, en 1946, dans l’euphorie de l’après-guerre, un comité dénommé « l’Amicale de Marteau » est créé ; il organise quelques concerts au local d’Achille Capiau-Noel, puis dans une guinguette. Parmi les acteurs, on peut citer : Jeanine Maraite, Emma Pairiot, Margot Williams, Henri Bleuart, Valère Capiau, Armand Horrion, Charles Lugen, Jeannot Peerboom, Nicolas Wagener.
A Desnié, la troupe « Les Alloys Desniétwès » (fondée officiellement en 1945) a diverti le village depuis la fin des années trente jusqu’à la fin des années septante. Cette troupe jouait dans la salle du village située derrière le café d’Emile Lepièce-Léonard, non loin de l’église paroissiale. Parmi les acteurs locaux, on peut citer : Léa Adrien, J. Baronheid, Betsy Demaret, Simone Dohogne, Simone Schmitz, André Adrien, Maurice Adrien, Albert Demaret, Auguste Demaret, Albert Dohogne, Gilbert Dohogne, Raymond Goffin, Ivan Legrandhenri, Raymond Schmitz, …
Cette tradition du théâtre wallon ne se limite pas aux villages de la proche périphérie spadoise, elle est encore bien présente ailleurs.
Dans la région, on joue encore de nos jours : à Surister (chaque année fin octobre la troupe de La Royale Jeunesse de Surister se produit dans la salle du village, ces 23 et 24 octobre derniers, elle exécutait : « Operation Alfred »), à Solwaster (en mai dernier, la troupe villageoise a interprété : « Les Truc’Teus »), à Sart-lez-Spa (en 2013, dans le cadre de la fête des vieux métiers, des jeunes Sartois ont présenté : « La Noce » et « In eûre â matin »), à Ster-Francorchamps (en mars dernier, La Royale Aurore de Ster a interprété : « Madame Atomique »), à Polleur (fin de ce mois, la troupe Les Anciens jouera : « Li Volîre as Aguèces »), à Spa (Le Cerke des Sizes Walones organise régulièrement des activités) et notamment un cabaret en collaboration avec le Centre Culturel de Spa qui aura lieu le dimanche 15 novembre au Centre Culturel entrée rue Servais.
Jean Lecampinaire
Sources :
Mesdames Ginette Cordonnier, Josette Counet, Denise Evrard et Lucienne Mathy, Messieurs Jacquy Dohogne, Raymond Goffin, Jean Jérôme, Georges Ledoyen, Raymond Schmitz et Marcel Piroton, Valère Capiau.