En 1576, le hameau compte 6 maisons. En 1822, le sieur de Limbourg convertit en moulin à tan un ancien haut-fourneau situé le long de l’Eau Rouge (en 1843, le moulin deviendra une filature de laine). Un recensement, réalisé en 1837, stipule que Marteau est habité par 40 personnes issues de 10 familles et qu’il y a 9 maisons. En 1842, la paroisse de Winamplanche (Réalités n°363) voit le jour, le hameau de Marteau en fait partie. A Marteau, il n’y a pas d’école ; les enfants doivent se rendre à Spa ou à La Reid ; mais dès 1843, une école s’ouvre à Winamplanche (Réalités n°363) et nombreux sont les enfants de Marteau qui la fréquenteront jusqu’en 1974, date de sa fermeture. C’est en 1926 que l’électricité arrive à Marteau.
En 1977, la fusion des communes ne permit pas, malgré le souhait des habitants exprimé via un référendum (plus de 78% des votants souhaitaient être rattachés à Spa), de réaliser l’unification du hameau au sein d’une même commune.
Le hameau de Marteau (altitude 225 mètres) se situe au carrefour formé par la route Marteau – Stoumont (construite en 1848) et la route Liège – Spa (datant de 1768). Un tronçon de cette dernière, reliant la sortie de Marteau à l’entrée de Spa, se dénomma initialement « la Belle Levée » puis par après avenue du Marteau et de nos jours avenue Reine Astrid. Il faut dire qu’à l’époque, cette avenue rectiligne, d’une longueur de 2 km, bordée d’ormes, avait fière allure. En analysant la carte du comte de Ferraris, considérée comme fiable pour l’époque, on se rend compte qu’il y a en cette fin de 18e siècle une dizaine de maisons au hameau de « Marteau ».En 1855, le lundi 27 août, vers 11 heures du soir, le feu prend naissance à l’arrière de la maison occupée par Jean Detry. L’incendie ravage 4 maisons et leurs dépendances ainsi que tous les meubles et récoltes renfermés dans ces bâtiments ; il faut savoir qu’en ce temps-là, les toitures en chaume faisaient souvent la part belle au feu. Fin du 19e et début du 20e siècle, le hameau est habité par des agriculteurs.
De nos jours, il reste deux exploitations agricoles : l’une au lieu-dit « Vieux Pré » et l’autre au lieu-dit « Sur la Vecqueterre ».
En 1940, le vendredi 10 mai, vers 5 heures du matin, les artificiers de l’armée belge font sauter le pont qui enjambe le Wayai. Les maisons des familles Gridelet, Eugène Bourguet, Alphonse Brixhe, Emile Maraite, Léonard Maréchal, Henri Brédo, Modeste Gernay, Jean Ledoyen, Louis Lejeune, Jacques Monville et Maurice Remacle sont endommagées suite aux explosions précitées et aux obus tirés les jours suivants par le fort de Tancrémont. En 1944, le dimanche 10 septembre, les sapeurs allemands font exploser les ponts routiers et ferroviaires de ce nœud de communications afin de freiner l’avance des Alliés. En 1969, d’importants travaux de voirie (déplacement de la route nationale n°62) modifient profondément le petit village. La route industrielle qui mène à l’usine de Spa Monopole date de 1978.
La gare de Marteau :
La ligne de chemin de fer reliant Pepinster à Spa a été inaugurée en 1855. L’ouverture du point d’arrêt de Marteau doit dater de la même époque. Un dessin du notaire Gustave Gernay (1829 – 1890) représente la petite gare de Marteau. Les premières années, il semble que la voie ferrée traversait la route Spa – Theux via un passage à niveau.
En 1903, une seconde voie est installée sur la ligne ; deux quais, d’une longueur d’environ 200 mètres, permettent l’embarquement et le débarquement des voyageurs. Vers 1930, la petite station était gérée par une cheffe de gare ; elle actionnait une cloche pour annoncer l’arrivée des trains. Fin 1942, la seconde voie est démontée et emportée par les soldats allemands vers le réseau russe.
Après la seconde guerre, en 1949, la petite gare en bois, dans un état de délabrement avancé, est détruite et remplacée par un abri en béton. En juin 1971, la traction électrique est inaugurée sur la ligne Pepinster – Spa (Géronstère). La halte de Marteau est supprimée en 1984 au grand dam de l’Ecole d’Hôtellerie située non loin de là !
L’activité métallurgique :
Du milieu du 15e siècle jusqu’au milieu du 17e siècle, il y a eu dans la région une activité métallurgique liée à la présence de nombreuses minettes de fer. A Marteau, plusieurs installations existaient le long de l’Eau Rouge et du Wayai ; leur durée de vie fut toutefois souvent éphémère. Voici les plus connues :
- Le marteau Pirot est cité en 1453 (Pirot de martea). Il est devenu par après le marteau Goffin (en 1513, on parle d’un certain Johan Goffin). Il se trouvait le long de l’Eau Rouge. La famille de Sclessin, puis la famille de Limbourg en seront par la suite propriétaires.
- Le marteau Boyon est cité vers la fin du 15e siècle et plusieurs fois au 16e siècle (martea Boyon). Il semble avoir fonctionné jusqu’au milieu du 17e siècle. Il se situait à proximité du confluent du Wayai et de l’Eau Rouge.
- Le marteau Watelet est cité pour la première fois en 1509 (marteau qui fust Watelet).Il aurait fonctionné une trentaine d’années. Il se situait, semble-t-il, le long du Wayai en aval du marteau Boyon.
- Le marteau Hubert Remacle est cité dans un document de 1539 (marteau qui fust Houbert Remacle). Il était proche, paraît-il, du marteau Boyon.
- Une forge (platinerie), située le long du Wayai (voir carte Ferraris), a été en activité du 18e siècle jusque dans la seconde moitié du 19e siècle. Elle disparaîtra suite à la construction de la ligne de chemin de fer.
Le château de Marteau :
Le château de Marteau (style Louis XVI) a été construit en 1782, à proximité du hameau du même nom, par l’architecte liégeois Renoz, à la demande des Etats du Pays de Liège, pour la perception des droits de barrière (douane). Il était situé dans un vaste parc ombragé traversé par le Wayai. Il a été acheté en octobre 1809 par William Cockerill (père), venu travailler à Verviers dans les usines Simonis. L’industriel logeait ses maîtres-ouvriers dans une des dépendances du château (la maison Cockerill : style néoclassique – partiellement classée depuis 1980 – de nos jours, elle fait partie de l’Ecole d’Hôtellerie de Spa) ; il les familiarisait au maniement de machines hydrauliques de son invention, actionnées par l’eau d’un bief alimenté par le Wayai. Le château est cédé, en 1840, à la famille Massange, des tanneurs stavelotains. En 1877, Alphonse Braemt, administrateur de la Caisse des Propriétaires, achète la demeure et la rebaptise « Château des Sapins ». En 1890, la propriété est cédée à Albert Heerfeldt, rentier parisien. En 1906, le domaine passe dans les mains de Céline Dumont (une des principales actionnaires des Usines Gustave Dumont et Frères à Andenne), épouse d’Armand Pirlot. En 1934, suite au décès de la propriétaire, le domaine est repris par sa nièce Madeleine Lamarche, épouse en seconde noce du comte Paul de Launoit. Le château sera démoli en 1941. Sur son emplacement, deux maisons furent construites après la Seconde Guerre ; elles ont été démolies dernièrement et ont fait place au magasin Hubo.
La grotte de Lourdes à Marteau
La grotte Notre-Dame de Lourdes à Marteau a été réalisée à l’initiative de l’abbé Marcel Désiron (curé de Winamplanche de 1952 à 1956) suite au désir de ses paroissiens d’avoir un lieu de prière près de chez eux. L’année 1954, ayant été déclarée « Année Mariale » par l’Eglise, le projet fut lancé ; l’architecte Bertholet de Spa participa au choix de l’emplacement et à la réalisation du projet. Des « mines »
furent nécessaires pour faire sauter quelques rochers qui étaient trop proches de la route. La grotte, après une neuvaine organisée à l’église de Winamplanche, fut inaugurée et bénie le dimanche 22 août 1954 par Monseigneur Guillaume-Marie Van Zuylen (à cette époque évêque auxiliaire de Liège) et par Monseigneur Edouard Devoghel (diplomate de la Nonciature à Bruxelles, de passage à Spa). Pour l’occasion, un char, réservé par les fabriciens locaux aux organisateurs de la « Bataille de Fleurs » du 15 août à Spa, servit de « catalyseur » pour former un cortège et emmener les nombreux fidèles de l’église Saint André de Winamplanche jusqu’à l’emplacement de la grotte, qui se situe à la sortie de Marteau, à droite, au pied de la route du Maquisard. Jusqu’au début des années septante, des célébrations religieuses y furent organisées chaque année.
Les commerces
Après la Grande Guerre, l’activité au hameau de Marteau se diversifie ; des cafés et des garages ouvrent leurs portes. Sur la carte postale, on peut voir trois des quatre cafés du hameau en 1920 : à gauche le café des Etrangers, à droite le café Au Repos des Touristes (enseigné ensuite café Louis Bertrand, tenu par après par Achille Capiau, puis par la famille Bailly) et au milieu le café Joris (partie gauche des habitations situées en face de la route). Le quatrième établissement (non visible sur la carte) était tenu par Emile Maraite.
Parmi les garages, on peut citer : le Garage Alexis Rensonnet (après Garage Georgin, actuellement Carrosserie Defourny), le Garage Florent Bleuart (tenu ensuite par son fils Henri, actuellement une station service), le Garage Du Val de Marie-Thérèse Tillieux et André Defossé (plus tard la Société JardiMotor qui transféra ses activités à Stembert en 2014), le Garage Robert Fabry avec station service (il se trouvait à l’emplacement du magasin Hubo), le Garage du Paradis de John Struckmeyer avec station service « Caltex » (il se situait en face du magasin Hubo, de l’autre côté de la route).
Bagatelle
Fin des années cinquante, début des années soixante, sur une partie de l’ancienne propriété du château de Marteau (démoli au début de la Seconde Guerre), l’architecte Albert Paës décide de réaliser un complexe axé sur les loisirs ; il charge son fils André qui faisait ses études d’architecture d’en dessiner les plans. La première phase des travaux de « Bagatelle Attractions Spa » sera la construction d’une piste de karting située partiellement au bord d’un plan d’eau. D’emblée, la piste attire les amateurs et est rentable financièrement ; des compétitions seront même organisées sur l’anneau spadois. Par la suite, le bâtiment principal, d’architecture moderne, comprenant un hôtel restaurant et des pistes de bowling, est construit.
Malheureusement, quelques années plus tard, la santé du promoteur commence à décliner ; il ne peut plus assurer dans de bonnes conditions la gestion du complexe ; il est contraint de céder ses affaires. Les nouveaux propriétaires conservent la partie « Horeca » (enseignée au milieu des années septante « Aux Armes de Spa »), arrêtent l’activité du karting et accueillent le Cercle équestre de Spa. En 1979, un incendie détruit partiellement le bâtiment principal (il sera démoli par la suite) ; l’aventure « Bagatelle », qui avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices, s’achève !
Sur une partie des terrains, l’Ecole d’Hotellerie de Spa (créée en 1969, initialement place des Ecoles) y construira deux bâtiments ; la partie restante sera rachetée, en 1995, par l’Entreprise René Lejeune et fils qui y installera en 1999 ses bureaux, ses ateliers et son dépôt.
La croix en fer du petit pont de Marteau :
A l’endroit où l’ancien chemin La Reid-Spa coupe le ruisseau venant de Winamplanche (l’Eau Rouge) se trouve un petit pont. Dans un des deux garde-fous, une petite croix en fer y était encastrée ; elle a disparu il y a quelques années (malheureusement, il faut constater que ce n’est pas la première croix qui disparaît dans notre région). Georges Barzin la considérait comme une croix d’embannement et l’abbé Désiron, curé de Winamplanche dans les années cinquante, auteur de recherches et d’un ouvrage sur la paroisse, la datait de 1603, ce qui en faisait la plus ancienne croix de la région spadoise. Le 10 septembre 1944, c’est par ce petit pont que nos libérateurs sont passés pour gagner la cité thermale, les autres ponts ayant été dynamités par les Allemands.
Jean Lecampinaire
Sources :
Dictionnaire de l’ex-commune de La Reid (Jean-Luc Seret – 2011)
L’histoire et la vie de Winamplanche et Marteau … (Camille Massart – 1988)
Pepinster – Spa, de la vapeur à l’électricité (Georges Henrard – 1992)
R.C. de Spa année 1855 (Bibliothèque de Spa)
Drame de la vie quotidienne à La Reid en mai 1940 (Jean-Luc Seret – 2010)
Croix Chapelles Oratoires de la région de Spa (Comité Culturel de Spa – 1992)
La métallurgie au Pays de Franchimont Tome II (Pierre Den Dooven – 1980)
Douces Nuits – Les enseignes hôtelières à Spa (Marc Joseph – 2005)
Madame Joris , Messieurs André Paës, Valère Capiau et Georges Ledoyen