On sait que de 1829 à 1860 le grand compositeur Meyerbeer fut un bobelin (nom donné aux curistes à Spa) assidu de Spa. Dédaigant la réclame et la vogue souvent changeante, il avait fait de notre ville son lieu de prédilection et n’en changea point.
Sa maigre silhouette ouvrait et fermait la Saison.
Si l’on complète cette fidelité par le prestige du grand musicien qui composa le célèbre opéra « Robert-le-Diable », on comprend tout de suite ce qui milite en faveur de la décision prise le 16 juillet 1860 par le Conseil communal de donner le nom de Meyerbeer au pittoresque sentier qui se peut offrir comme type de promenade spadoise.
Ce Spadois adoptif était passablement original, comme tout artiste qui se respecte.
Il professait qu’un parapluie est un ustensile dont on ne doit se démunir en aucun temps, en même temps que la Royauté ne peut se concevoir privée de sceptre.
C’est ainsi qu’en rencontrant notre compositeur, on découvrait fatalement son parapluie; c’était quelque chose d’infaillible, de mathématique.
Cela ne se dicutait pas plus que-de nos jours- le carré de l’hypothénuse.
Il préférait le pépin à la canne qui est l’emblème de la marche, sport qui répugnait particulièrement à Meyerbeer.
Dès qu’il sortait de la ville, vite il utilisait le petit moyen de locomotion qu’il affectionnait : un âne dûment harnaché par une sorte de « bidli » de Spa et surmonté d’un siège.
Perché là-dessus à cacolet, notre éminent auteur- flanqué de son imposant parapluie-devait présenter un ensemble touchant pour nos humoristes.
Jean-Marc MONVILLE