Neuville, « la Nova villa » (le nouveau village), désignait la présence d’un manse ou exploitation agricole ; le hameau pourrait dater du romain tardif ou du Moyen Âge. A la fin de l’Ancien Régime, Neuville dépend de la commune de Roanne (le village de Roanne était le chef-lieu de l’ancien « haut-ban »). Mais, cette nouvelle commune sera éphémère. En juillet 1795, la commune de Roanne est rattachée à la commune de La Gleize ; cette année-là, il y avait 78 habitants à Neuville.
Cette situation administrative durera jusqu’au 22 juillet 1952, date du rattachement, à la demande des habitants, de Neuville à la commune de Francorchamps. La cession concernait 49 personnes et 252,50 hectares. Depuis la fusion des communes en 1977, le hameau de Neuville fait partie de la commune de Stavelot.
Bien avant le rattachement du hameau à la commune de Francorchamps, la plupart des enfants de Neuville fréquentèrent l’école francorchamptoise, plus proche de leur domicile que les écoles moulinoises. Il en fut de même pour l’activité religieuse, l’église Saint Georges de Francorchamps étaient bien plus accessible que l’église Saint Eustache de Moulin-du-Ruy. C’est d’ailleurs le 1er juillet 1951, que les Neuvillois changeront de saint patron. Le hameau a toujours vécu essentiellement de l’agriculture. Actuellement, il n’y a plus de ferme en activité. Depuis le début de ce siècle, Neuville s’est fort développé, l’habitat est devenu principalement résidentiel.
Par Neuville passait une des plus anciennes et des plus importantes voies de communication de la région : le « grand chemin Limbourg-Stavelot-Luxembourg », dit aussi « Royal chemin » (anté-romain d’après l’historien spadois Jean de Walque).
Une chaussée plus récente, construite entre 1760 et 1787, passait aussi par Neuville ; elle faisait partie de la liaison Stavelot-Liège via Spa et Theux. Dès son achèvement, elle draina un important trafic de marchandises. Les voituriers (les camionneurs de l’époque) profitaient de son revêtement, semble-t-il, très roulant. Sur son parcours, plusieurs barrières à péage furent installées, dont celle de Neuville. Le passage coûtait : pour 100 moutons, 12 sols ; pour 1 bœuf ou 1 cheval, 1 sol ; pour 1 veau ou 1 porc conduit ou porté, 2 liards ; pour une charrette à 1 cheval, 2 sols ; pour une charrette avec 2 chevaux, 3 sols ; pour 1 carrosse, 4 à 12 sols ; etc. Les habitants du ban de Roanne y étaient exonérés de taxe pour les marchandises destinées à leur consommation ; pour les autres charges, ils profitaient d’un tarif préférentiel.
Après la révolution française, qui éleva Malmedy au rang de chef-lieu, la situation changea ; Malmedy devint un important centre commercial et accapara rapidement le commerce régional ; le trafic se fit via une autre voirie et le trafic via Neuville périclita.
La route qui traverse le hameau et qui relie Francorchamps à Roanne via Ruy et Moulin-du-Ruy aurait été réalisée entre 1850 et 1867.
Jean Lecampinaire
Sources :
La Gleize ancien ban de Roanne (Serge Fontaine – 1972),
Francortchan Do Timps Passé (Thierry Schmitz – 1981),
Le parler de La Gleize (Louis Remacle – 1937),
La voirie ancienne de la région de Spa (Maurice Ramaekers – H.A.S. 1984)