Soldats allemands en poste à la gare de Spa à la fin de la 1ère Guerre, ils sont photographiés dans la cour aux marchandises. Derrière eux, on aperçoit la tour à créneaux du château Rouma situé avenue du Marteau.
C’est le 22 novembre 1918 que les Allemands restituent au chef de gare belge Froidcourt son autorité sur le domaine ferroviaire spadois. Au début du 20ème siècle, la seconde gare de Spa (la gare actuelle), construite en 1863, est une gare de première classe, elle possède un « salon royal » situé à l’extrémité ouest de l’immeuble. La gare spadoise est alors située le long d’une ligne internationale reliant le bourg de Pepinster (sur la ligne de la Vesdre) à la frontière grand-ducale.
Le château Rouma, du nom de son propriétaire le banquier spadois Jean Edmond Rouma (1806-1870), a été construit de 1853 à 1855 le long de l’avenue du Marteau (de nos jours avenue Reine Astrid). Fin juillet 1853, l’épouse du banquier, Pauline Hayemal (1816-1906), hérite de ses parents plusieurs terrains situés le long de l’avenue du Marteau. Les époux Rouma – Hayemal confient à l’architecte liégeois Laurent Demany (1827-1898) la mission de leur construire un château adossé à la promenade des Français. L’architecture de ce château est influencée par l’époque médiévale : murs à créneaux, mâchicoulis postiches, … Ce style est très à la mode au milieu du 19ème siècle.
Par la suite, la propriété revient à leur fille ainée Gabrielle Rouma (1843-1909), l’épouse du général baron William d’Oldenneel de Heerenbrinck (1846-1917). Le château Rouma restera dans cette famille jusqu’à sa démolition en 1941.
Début 1945, la famille de Jean Remacle-Laurent, originaire du hameau de Florêt situé sur la commune de Bra (de nos jours commune de Lierneux), leur maison ayant été détruite lors de l’offensive des Ardennes de décembre 1944, est hébergée à l’initiative de la Croix-Rouge de Belgique dans les écuries du château Rouma, restées intactes lors de la démolition du château en 1941. Elle y séjournera durant deux ans dans un confort tout à fait relatif.
Durant l’été 1956, à l’emplacement du château, le garage Warnotte de Trois-ponts, concessionnaire Ford, inaugure le garage Spa Motor pour ses clients spadois. Les anciennes écuries du château Rouma serviront durant de nombreuses années de remises pour le garage.
Non loin de Spa se trouve un château dont la ressemblance à l’époque avec le château Rouma est saisissante, c’est le château de Fagne Maron construit par le banquier spadois Henri François Hayemal (1811-1896), beau-frère de Jean Edmond Rouma. Le château de Fagne Maron tire son nom du lieu-dit « Fagne Maron ». Il est situé sur le territoire de la commune de La Reid (de nos jours commune de Theux), entre le village de Desnié (voir article : Desnié) et celui de Winamplanche (voir article : Winamplanche). Il a été construit de 1868 à 1869 dans le style médiévaliste romantique.
Au décès de Henri François Hayemal, c’est sa fille cadette Catherine Hayemal (1859-1928), l’épouse du docteur Albert Louis de Damseaux (1845-1926), bourgmestre de Spa de 1891 à 1904, qui reçoit le château de Fagne Maron en héritage. Dix ans plus tard, les époux de Damseaux-Hayemal le vendent et construisent, vers 1911-1912, une maison de maître rue Albin Body à Spa. C’est donc en février 1907 que le domaine de Fagne Maron est vendu à l’industriel liégeois Gustave Trasenster (1855-1931) et à son épouse Adèle Nagelmackers (1860-1946).
L’année suivante, ces derniers décident d’agrandir le château. Au début du 20ème siècle, la mode est au style néo-normand. L’architecte Becaneau et l’entrepreneur Päes se chargent de la transformation qui englobe le château primitif dans le volume du nouveau bâtiment.
En 1951, Edmond Minette (1909-1969), le fils de Léon Minette (1884-1949) et de Suzanne Trasenster (1886-1945) la fille cadette de l’industriel liégeois, rachète aux autres héritiers leur part dans la succession.
En 1964, Edmond Minette loue le château à la Province de Liège qui cherche un bâtiment pouvant servir d’internat pour son école d’agriculture de La Reid ; puis, trois ans plus tard, il le vend à la société dénommée « La Belgique Industrielle » qui a pour projet d’en faire un centre de thermalisme. Ce projet ne voit pas le jour et en septembre 1970, la société précitée revend le château au notaire liégeois Emile Labé et à son épouse Claudette Maretti.
Lorsqu’ils récupèrent le château en 1972 à la fin du bail de location au profit de la Province de Liège, au vu de l’état de délabrement du bâtiment, le notaire et son épouse souhaitent lui rendre un volume plus proche de son volume originel. Des travaux commencent en 1973 et durent quinze ans. Le château de Fagne Maron sera restauré dans un style propre à notre région.
Jean Lecampinaire
Sources :
Fagne Maron au temps passé (H.A.S. – André Andries – 2001 /2002) ; Spa – Stavelot, les petits trains des neiges (Editions Sabel – Georges Henrard – 1999) ; Rues et promenades de Spa (Editions Culture et Civilisation – Georges-Emile Jacob – 1983) ; Connaître Spa, de Villas en Châteaux par Avenues et Boulevards (Comité culturel de Spa – 2003) ; Madame Lucienne Remacle-Mathy