Cette photo a été prise à Nivezé en décembre 1918 à l’entrée du chemin Maron (vôye Maron) côté avenue Jean-Baptiste Romain (dénommée à cette époque route ou chemin de Nivezé). L’identité du jeune garçon (à l’extrême gauche) et celle de la jeune fille (assise sur le capot du camion) ne sont pas connues. Peut-être des enfants de la colonie Peltzer (voir ci-dessous).
Le bâtiment à gauche de la photo, dont on aperçoit l’extrémité de la façade avant, était à cette époque la propriété de Julien Wilkin (cordonnier) et de son épouse Léonie Lejeune. A partir de 1910, ce bâtiment est loué par Mesdames Edouard Peltzer, Georges Peltzer et Marcelle Peltzer (fille de Paul Peltzer) afin de servir de colonie pour des enfants de parents travaillant dans les usines Peltzer à Verviers. Il semble que cette colonie a hébergé des enfants jusqu’en 1923. Depuis lors, cette maison est dénommée « Les colonies » (voir l’article : La colonie de Nivezé).
Dans le bâtiment visible en arrière-plan à droite, construit en 1912, se trouvait la 1ère salle de spectacle de Nivezé. Les propriétaires à cette époque s’appelaient Jean Blaise (agent de police à Spa) et Catherine Sody. De nos jours, c’est le restaurant enseigné « Aux Campinaires ». Au printemps 1918, pendant la présence du Kaiser Guillaume II au château Neubois, la salle servait de dortoir pour les soldats de la garde impériale. Durant cette période, les Nivezétois, lorsqu’ils se déplaçaient, subirent de nombreux contrôles d’identité, sans compter les fréquentes rencontres avec les agents de la police secrète allemande (voir l’article : Les guérites du Kaiser).
A partir du 25 novembre 1918, la ville de Spa abrita la Commission Interalliée d’Armistice (voir l’article : La Commission Interalliée d’Armistice). Cette Commission fut placée sous la présidence du général français Alphonse Nudant. Elle avait pour but d’établir les bases du « Traité de Versailles de juin 1919. Sept missions composaient la Commission. La mission anglaise avec à sa tête le général Richard Haking était logée dans des villas de la route du Tonnelet (Hill Cottage, Bel Air et Good House). Si les officiers supérieurs avaient droit à de luxueuses villas, la troupe était logée dans les dépendances des demeures précitées ou chez l’habitant.
Le 27 novembre, le commandement militaire local est repris par le major anglais Satow, puis par le major Merry. Le 29 novembre, les troupes anglaises sous les ordres du général Plumer entrent triomphalement à Spa. Le 17 décembre 1918, l’armée anglaise prend possession de plusieurs terrains à Sart-lez-Spa au lieu-dit « Heid de Sart » (le long de la route reliant Tiège et Sart, en face de l’actuel cimetière) et les utilise comme champ d’aviation.
Jean Lecampinaire
Sources :
Spa pendant la Guerre 1914-1918 (Administration communale de Spa – 1919 – Jacques Macquet)
Spa, Ville d’Air (Editions du Musée de la Ville d’eaux – 2009 – Marc Joseph)
La petite histoire du village de Nivezé (Editions Comité culturel de Sart-Jalhay et Réalités – 2011 – André Hans)