C’est la bataille des Ardennes. Quelques jours avant Noël. Spa est désert, pas un train, pas de bus, pas de tram. La ville baigne dans un brouillard tenace. Il fait très froid. Les Spadois ont peur. Les jeunes hommes sont partis. Les rares nouvelles sont alarmantes mais aucun bruit de combats. Deux ou trois jours avant le 25 décembre, je suis réveillée par le bruit de moteurs et de véhicules circulant avenue Reine Astrid. Il fait très noir. J’essaie de voir par la fenêtre. Ils roulent lentement et feux éteints. Impossible de voir dans quel sens ils vont. Sont-ce des GI qui vont vers Malchamps, donc vers le front, ou des GI qui fuient vers Marteau ou, je n’ose y penser, des Allemands qui reviennent. Cela durera une bonne heure. Je n’ai pas dormi de la nuit.
Le surlendemain, arrivée place du Maréchal Foch d’un atelier américain de réparation de chars avec chars dépanneurs. Ils vont sur le front rechercher les chars abîmés et les réparent en prenant les pièces encore valables. Il fait très froid. Mon père a acheté un vieux poêle à gaz avec lequel nous chauffons une petite pièce qui sert de salle à manger. Les GI sont autorisés à venir se chauffer à tour de rôle. Ils ont les mains fort abîmées.
La veille de Noël mon père a invité les deux gradés responsables de l’Atelier à venir partager notre repas bien maigre. Il s’agissait de 2 œufs sur le plat avec une petite tranche de lard. J’ai vu les yeux de ces deux hommes briller à la vue des œufs frais. Ils n’en avaient plus mangé depuis 3 ans (uniquement de la poudre d’œuf). Nous leur avons donné un peu de chaleur humaine. Leurs familles leur manquaient comme nous manquaient les être chers repartis et dont nous étions sans nouvelles.
Trois jours plus tard, ils sont repartis mais je reste persuadée qu’à chaque Noël ils pensent à leur Noël spadois, aux deux œufs frais leur ayant semblé un repas de roi.
Nelly Servais
Bonjour,
je cherche des infos sur l’hôpital Américain dans la caserne de Spa du 14/12/1944 à janvier 1945.
A.Lekeu