L’autre jour, alors que je me baladais à la brocante dominicale de la Galerie Léopold, mon attention fut attirée par un album photo bien intéressant : outre des vues d’escadrilles et d’avions militaires belges des années 1940, on pouvait y voir les premiers avions tombés dans notre région au début de la guerre. Le prix de l’album étant au-dessus de mes moyens, je proposai au vendeur, l’un de nos fervents lecteurs, de me le prêter pour un quart d’heure, afin d’en scanner quelques photos pour « Réalités ». Il accepta sans hésiter. Les photos ci-dessous montrent un bombardier italien qui devait bombarder l’Angleterre et qui tomba le 24 septembre 1940 à Vertbuisson. Joseph Starck qui remontait vers la ferme de Bronromme avec son père vit passer cet avion au ras du sol. Quelques kilomètres plus loin, le bombardier alla s’immobiliser dans une prairie de Vertbuisson après avoir glissé « en douceur » (le train d’atterrissage était rentré) sur le sol fangeux. Lucien Brodure, qui à l’époque était à l’école à Desnié, se souvient que l’annonce du bombardier tombé dans une prairie de Vertbuisson se répandit comme une traînée de poudre. Les enfants coururent de Desnié jusqu’au lieu de l’accident mais il était trop tard : déjà les soldats allemands formaient un cordon de sécurité autour de la carlingue et ne laissaient personne s’en approcher. Seuls les enfants de Vertbuisson, les premiers sur place, avaient eu la chance d’ y pénétrer !
Les dégâts étant peu importants, on décida de tracter l’avion jusqu’à Malchamps où l’on devait procéder aux réparations nécessaires. Pour ce faire, il fallut d’ailleurs démonter une partie des ailes. A Winamplanche, se souvient René Starck, on dut même construire une rampe en bois afin que l’appareil puisse franchir les deux ponts sans les accrocher. Une fois arrivé à Malchamps, la réparation dura plus longtemps que prévu. A Spa, certaines « mauvaises langues » racontaient que c’était les Italiens eux-mêmes qui avaient saboté leur appareil pour ne pas devoir repartir au combat. Toutefois, un article écrit par Monsieur Francis Bourotte dans le Bulletin d’Histoire et d’Archéologie spadoises (septembre 1991) explique clairement que ce sont des résistants originaires de Stavelot qui, non seulement sabotèrent l’avion, mais en plus en dérobèrent l’émetteur radio. Le hasard voulut que la veille, les aviateurs italiens qui logeaient à l’hôtel de la Sauvenière, aient montré cet émetteur à Monsieur Toussaint, gérant de l’Hôtel et amateur de « radiocommunication ». Evidemment, cela créa un certain froid, du moins pour quelques jours. Jean Toussaint, le fils de l’hôtelier, se souvient aussi que les Italiens ne s’entendaient pas du tout avec les Allemands, même s’ils étaient des « alliés ».
Quant à l’avion, il ne vola plus jamais et fut envoyé à la casse…
Notons que l’album photo montrait aussi deux photos d’un bombardier allemand Heinkel He 111 qui serait tombé dans la fagne de Malchamps. Malheureusement, je n’ai pu scanner les photos et nous n’avons pas de renseignements au sujet de cet avion. Peut-être certains lecteurs pourront-ils nous venir en aide et donner de plus amples informations ?
Encore un grand merci à Marcel Closset qui a bien voulu prêter l’album photo.
Jean-Marc Monville